Le député Sylvain Maillard, porte-parole du groupe LaRem sur la loi Avenir professionnel.
Loi Avenir professionnel : la baisse du coût des formations les rendra davantage accessibles (Sylvain Maillard)
Selon le député Sylvain Maillard, porte-parole du groupe LaRem sur la loi Avenir professionnel, le nombre de téléchargements de l'application « moncompteformation » et de dossiers de formation acceptés est « très encourageant ». Clé de voûte de la réforme, le coût moyen des formations est nettement inférieur à ce qu'il était auparavant. Sylvain Maillard interviendra lors de la journée d'ouverture de l'Université d'hiver de la formation professionnelle, mercredi 29 janvier.
Par Emmanuel Franck - Le 22 janvier 2020.
La réforme de la formation professionnelle prévue dans la loi Avenir professionnel redéfinit les rapports entre l'offre et la demande de formation. Pour Sylvain Maillard, député de Paris, porte-parole de LaRem, responsable du volet apprentissage-formation professionnelle de la loi pour avoir la liberté de choisir son avenir professionnel, par ailleurs chef d'entreprise, dans le précédent système « il n'y avait pas assez de lieux de rencontre entre l'offre et la demande régulés par les prix entre des prestataires et des utilisateurs ». Selon lui en effet, les ressources des Opca « ne correspondaient pas systématiquement aux besoins des individus et des entreprises ». Par ailleurs, la labellisation devait « se structurer car elle est hétérogène ». En outre, le système était « complexe pour ses utilisateurs » et le compte personnel de formation (CPF) « inaccessible ». Sylvain Maillard rappelle enfin que la formation profitait « trois fois plus aux cadres des grandes entreprises privées qu'aux chômeurs et aux ouvriers ». Compte tenu de ce diagnostic qu'il qualifie d'« éloquent », il fallait une « réforme copernicienne ».
« L'application fait jouer la concurrence »
Selon le député, la monétarisation du CFP et l'application « moncompteformation » favorisent désormais une désintermédiation et in fine l'accès à la formation des 25 millions de personnes concernées. Citant les chiffres du ministère du Travail, il constate 750 000 téléchargements de l'application et 50 000 dossiers de formation acceptés. Des chiffres qu'il estime « très encourageants ». Les formations les plus demandées concernent les langues, le permis voiture, le bilan de compétences et l'aide à la création d'entreprise. L'offre de formations validée s'élève quant à elle à 32 000 à un coût moyen de 1 200 euros contre 2 370 euros quand le CPF était « à la main » des Opca. « L'application fait jouer la concurrence et permet ainsi d'obtenir des prix intéressants », analyse Sylvain Maillard.
La pression sur les organismes de formation (OF) ne s'est pas seulement accentuée sur les prix, mais aussi sur la qualité de leurs prestations. Sylvain Maillard rappelle qu'une loi existe depuis le 1er janvier 2017 (« appliquée réellement le 30 juin 2017 ») pour faciliter le référencement des organismes de formation et que le Datadock a été créé afin de vérifier le « sérieux » et la « transparence » de ces organismes. Pour autant, « dans un souci d'efficacité et de transparence, il fallait aller plus loin et mieux réguler la qualité des formations et leurs coûts », estime le député. C'est la raison de la création de France compétences par la loi Avenir professionnel. « La labellisation des organismes de formation doit se structurer, car elle est hétérogène et nécessite un pilotage national, voire européen », explique Sylvain Maillard. Il rappelle incidemment qu'en juillet 2017, plus de 70 000 centres de formation existaient en France contre 4 000 en Allemagne, que 1% de ces centres réalisaient un chiffre d'affaires supérieur à 3 millions d'euros et que 82% n'atteignaient pas 150 000 euros. Il laisse ainsi clairement entendre qu'il y a trop d'organismes de formation en France et que la régulation par le prix et par la qualité a aussi peut-être pour objectif de réduire le nombre d'OF.
« À l'évidence, quelque chose est en train de changer »
Avec un CPF totalement à la main des salariés, le risque n'est-il pas que les entreprises ne puissent plus mener une politique formation cohérente, comme s'en était ému Jean-Paul Charlez, président de l'Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH) ? Sylvain Maillard répond qu'une « co-construction entre le salarié et l'entreprise est possible avec un co-financement ». Toutefois, il ne détaille pas le mécanisme. L'idée émise par l'ANDRH était de créer une catégorie d'accords collectifs permettant d'imposer aux salariés l'usage de leur CPF, sur le modèle des accords de performance collective, qui priment sur le contrat de travail.
Avec la loi Avenir professionnel, l'apprentissage, qui était aux mains des Régions, passe dans celles des branches. Sylvain Maillard estime toutefois que les Régions sont « pleinement associées au dispositif en prenant la responsabilité pleine et entière de l'orientation des jeunes ». « Les contrats d'objectifs et de moyens entre les Régions et les branches porteront sans doute notamment sur l'installation de plateaux techniques communs afin de favoriser les passerelles », anticipe-t-il. Toujours est-il que l'apprentissage se porte très bien actuellement : la France comptait 458 000 apprentis au mois de juin, soit 8,4 % en plus en un an. « À l'évidence, quelque chose est en train de changer et c'est notre rôle à tous d'encourager et d'amplifier cette évolution », déclare Sylvain Maillard. Car, selon lui, le développement de l'apprentissage ne tient pas qu'aux lois mais aux mentalités. C'est pourquoi « notre prochaine campagne vise à convaincre les parents », explique-t-il.