« La chaîne logistique en voie de professionnalisation grâce à la formation » (Bretagne Supply Chain)
Une étude menée par la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Bretagne, en partenariat avec Bretagne Supply Chain, met en évidence la rareté des profils bac+2/bac+3 dans la chaîne logistique et l'émergence de nouvelles compétences inhérentes aux mutations du secteur.
Par Jonathan Konitz - Le 19 novembre 2021.
Des 32 pages de l'étude « Les emplois et compétences des fonctions supply chain dans l'industrie et la distribution en Bretagne », menée entre 2020-2021, Elodie Le Provost, déléguée générale de l'association Bretagne Supply Chain, tire cet enseignement : « La supply chain se développe, se professionnalise, il faut que ça suive en matière de formation. Sinon la profession, et donc les entreprises industrielles et de distribution, risque de mordre la poussière à cause de la pyramide des âges. »
Mais de quoi parle-t-on ? La supply chain désigne la « somme de tous les maillons de toute la chaine logistique », dixit Elodie Le Provost, et concerne près de 33 000 emplois en Bretagne (53.9 % des emplois dans le secteur de l'industrie et 46.1 % dans le secteur de la distribution).
Les bac+2/bac+3, des denrées rares
Problème : la supply chain peine à attirer certains profils spécifiques. « Nous disposons de bac+5, pour des postes de responsable supply chain ou chef de projet supply chain par exemple, et de personnel moins qualifié (préparateur de commande, par exemple), mais il y a un trou dans la raquette concernant les bac+2 et bac+3 (ordonnanceurs, prévisionnistes, etc.). L'une des causes, c'est que les gens en DUT ou BTS, poursuivent jusqu'à bac+5 », examine la déléguée générale.
La méconnaissance des métiers concernés est l'une des explications avancées. Selon l'étude réalisée par la CCI Bretagne avec l'association Bretagne Supply Chain, l'une des solutions à apporter est un renforcement du lien entre le milieu professionnel et l'enseignement.
Donner de la visibilité aux métiers de la supply chain
« Vu l'ADN de Bretagne Supply Chain axé sur le collectif, je crois en la vertu du dialogue entre tous les maillons de la chaine, philosophe Elodie Le Provost, avant de reprendre plus grave, au niveau des nomenclatures de l'Insee, ou des codes ROME de Pôle emploi, le poste de directeur-responsable supply chain n'existe pas ! Il faut actualiser pour rendre ces emplois visibles pour les jeunes en orientation, les personnes en reconversion, les conseillers en orientations ou encore pour les hommes politiques afin qu'ils comprennent mieux les enjeux. »
Petite pointe d'optimisme : la crise sanitaire liée au Covid-19 a mis en avant les métiers de la logistique et de la supply chain. Un moyen comme un autre de mettre un coup de projecteur sur ces métiers méconnus.
De nouvelles compétences tournées vers les data et l'environnement
A l'avenir, la supply chain sera plus gourmande en compétences. Elles couvriront un large éventail de métiers. « Il faut des compétences en automatisation pour gérer les stocks automatiques. Il faut aussi être à l'aise avec la digitalisation, les logiciels qui communiquent entre eux. La data également, pour les futurs "data-analyst" en charge des prévisions ou encore le "lead-management". Sans oublier la transition environnementale, et l'enjeu de la réduction de CO2, dans un contexte d'augmentation du prix de l'essence : il faut savoir utiliser la flotte adaptée, la bonne énergie, pour le bon usage. »
Enfin, les profils hybrides mêlant compétences techniques et managériales (chef d'équipe, responsable d'entrepôt, gestionnaire de stock, etc.) sont aussi rares que courtisés par des entreprises mettant directement en jeu une partie de leur croissance.