Denis Cristol, directeur innovation et pédagogie de l’Association progrès du management.
« La crise a renforcé l'apprenance collective » (Denis Cristol, université de Nanterre)
Denis Cristol, chercheur en science de l'éducation à l'université de Nanterre, a présenté les résultats de l'étude intitulée « Comment les organisations apprennent ? », menée par l'association Société pour une organisation apprenante (SOL), lors d'un « voyage apprenant » en ligne organisé mardi 9 mars, et qui se poursuit ce mercredi 10 mars.
Par Laurent Gérard - Le 10 mars 2021.
L'association Société pour une organisation apprenante (SOL France) a mené durant dix-huit mois une étude sur l'apprenance collective dans les organisations. Trente-deux directeurs des ressources humaines, coachs, étudiants, chercheurs, passionnés d'apprenance, y ont travaillé. Trente-neuf entreprises, quinze administrations, et six associations ont été analysées. Trente-quatre dirigeants/managers opérationnels/chefs de projets, treize managers en charge de l'innovation/amélioration de la qualité, onze DRH et responsables formation et trois opérationnels ont répondu aux questions. Le 9 mars, dans le cadre du « voyage apprenant » en ligne « Great place to learn », les résultats de cette recherche ont été présentés par Denis Cristol, chercheur en science de l'éducation à l'université de Nanterre, qui a été le facilitateur/encadrant de cette étude.
Faire face à la crise
« Les collectifs se saisissent davantage du besoin d'apprendre ensemble, pour faire corps face à une crise, ne pas rester seul, aller plus vite, rompre une situation de compétition ou de stress, explique Denis Cristol. La crise a été un accélérateur de l'apprenance collective, mais l'imagination et les idéaux sont aussi des moteurs de l'apprenance collective, dans la mesure où ils poussent à faire des choses nouvelles, et à voir le monde tel qu'il pourrait être. ».
L'apprenance collective, poursuit le chercheur, c'est la somme des attitudes partagées favorables à apprendre ensemble. Elle est sujette à « l'influence de facteurs interculturels, à une attitude qui se cultive au quotidien, à une culture du lien qui s'élabore dans la durée et peut se mettre au service d'un projet de changement d'une culture organisationnelle ». Elle repose sur le principe que “faire confiance donne confiance" et permet d'apprendre ensemble pour se réorganiser. « Elle dépend aujourd'hui de la mise en place de réseaux en ligne dans les organisations pour accélérer les apprentissages sociaux », énonce Denis Cristol.
Résilience et transformation
Selon l'étude, l'apprenance collective produit des effets. « Elle renforce la résilience des organisations frappées par le contexte des crises, au premier chef desquelles, la crise sanitaire. La résilience consiste à trouver des ressources dans le collectif au-delà de la capacité individuelle à faire face », précise Denis Cristol.
Elle induit « des pratiques de facilitation qui bouleversent les rapports hiérarchiques en place, en misant sur de petits collectifs particulièrement motivés, capables d'embarquer le reste de l'organisation ».
Enfin, elle permet « la transformation opportuniste ». C'est-à-dire celle qui passe par « le dialogue, la recherche de situation d'apprentissage, la prise de conscience des dons et contre-dons organisationnels à l'œuvre, et qui engage les organisations dans des approches opportunistes moins linéaires de conduite de changement avec ses résistances, ses projets, son accompagnement », conclut Denis Cristol.