La formation au menu du Beauvau de la sécurité
La formation figure au menu des huit chantiers prioritaires entamés pour moderniser la politique publique de sécurité intérieure, dans le cadre du Beauvau de la sécurité, avec « la relation police-population, l'encadrement, la relation avec l'autorité judiciaire, le maintien de l'ordre, la captation vidéo, le contrôle interne et les conditions matérielles ». Cette concertation, prévue pour durer quatre mois, servira de base à la future loi de programmation de la sécurité intérieure pour 2022
Par Christelle Destombes - Le 05 février 2021.
Ouvert le 1er février par le Premier ministre [ 1 ]Les débats sont retransmis en direct sur les réseaux sociaux du ministère de l'Intérieur., le Beauvau de la sécurité doit permettre notamment de corriger « l'erreur » qui a consisté à raccourcir la formation initiale des policiers. Ce « n'était pas une bonne mesure », a reconnu le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin devant la commission des lois de l'Assemblée nationale. Avant juin 2020, la formation des gardiens de la paix durait 12 mois, raccourcis à 8 pour pallier la pénurie des forces de l'ordre, contre trois ans au Danemark par exemple : « 4 200 gardiens de la paix seront recrutés l'année prochaine, 3 900 en 2020, détaille Denis Hurth, responsable formation du syndicat UNSA-Police au Quotidien de la formation. Les écoles sont pleines, les formateurs n'ont pas de possibilité de se reposer entre les promotions. »
L'ancien formateur en techniques de sécurité en intervention constate les conséquences :
« Les cours sont écourtés, la gestion du stress oubliée, les techniques de défense en interpellation réduites… Je ne dirai pas que c'est une formation au rabais…. Quelqu'un qui vient d'avoir le permis ne sait pas conduire. Il faut des années de métier pour exercer en toute sérénité sa profession… »
12 heures de formation continue réglementaires
La formation continue n'est pas mieux lotie. Selon Le Monde, 20% seulement des policiers effectuent les 12 heures réglementaires de perfectionnement par an. « Ces 12 heures de formation continue comprennent le tir, les techniques d'intervention et le secourisme, explique Denis Hurth. Aujourd'hui, les collègues viennent, ils tirent, ils repartent alors qu'ils devraient rester trois heures, pour qu'on corrige les postures, etc. On n'a plus le temps de faire ça, et à peine 50% des policiers ont fait un tir cette année en région parisienne. »
Les syndicats de police demandent des « moyens conséquents pour mettre en place un parcours de formation professionnelle essentiel ». Ils plaident pour une « académie » qui pourrait rassembler les différents corps de la police sur certaines thématiques. Aujourd'hui, les gardiens de la paix sont formés sur différents sites, les officiers le sont à l'école de Cannes-Écluse, les commissaires à côté de Lyon. « L'académie permettrait de partager les enseignements et travailler certains thèmes ensemble pour avoir une approche des corps de métiers », souligne Denis Hurth.
Plus de formateurs, une meilleure reconnaissance des formations suivies, un véritable accompagnent des carrières figurent au rang des revendications. « Pour être un bon policier, il faut être formé tout au long de sa carrière, estime Denis Hurth. Il faudrait être épaulé dans le cycle de professionnalisation pour grandir dans le métier de policier. » La formation sera évoquée les 8 et 15 mars lors des séances du Beauvau.
Notes
1. | ↑ | Les débats sont retransmis en direct sur les réseaux sociaux du ministère de l'Intérieur. |