David Margueritte, vice-président de Région Normandie, en charge de la formation professionnelle
« Le dialogue entre les Régions et le gouvernement a été difficile » (David Margueritte, Régions de France)
Alors que de nouveaux exécutifs régionaux s'apprêtent à être élus, le président de la commission emploi, formation professionnelle et apprentissage de Régions de France, David Margueritte, revient pour "Le Quotidien de la formation" sur les grands enjeux rencontrés à cette fonction depuis 2017.
Par Raphaëlle Pienne - Le 20 mai 2021.
Le Quotidien de la formation - Quel bilan faites-vous de votre mission à la présidence de la commission formation de Régions de France ?
David Margueritte, Régions de France - J'en retiens un dialogue difficile avec le gouvernement de manière générale. Cela va au-delà de l'apprentissage, même s'il a cristallisé ce que nous avons considéré comme une défiance vis-à-vis des territoires. Ce gouvernement, comme le précédent, n'a par exemple pas tenu ses promesses sur les compétences emploi des Régions. A l'exception du plan d'investissement dans les compétences (Pic), qui a été une bonne chose, je constate que le pilotage de la formation est aujourd'hui complexe. C'est regrettable et j'espère que les choses s'amélioreront avec le prochain gouvernement.
Quels sont les griefs des élus régionaux vis-à-vis de la réforme de l'apprentissage ?
La réforme a privatisé le système et dénaturé une formation initiale en formation continue. Elle a débouché sur un effondrement des contrats de professionnalisation, d'où un effet en trompe-l'œil. Le coût-contrat a transformé certains CFA en machine à cash : on assiste à une course effrénée au remplissage pour faire entrer de l'argent. Nous allons en outre entrer dans un moment compliqué : après une période d'abondance, la soutenabilité financière de France compétences est aujourd'hui en question.
Pourquoi, au contraire, le déploiement du plan d'investissement dans les compétences (PIC) vous parait-il positif ?
Avec le PIC, les Régions ont fait leurs preuves. Elles ont montré que quand on leur faisait confiance cela fonctionnait, et elles ont démontré que l'on décide mieux en proximité du terrain. Le PIC apporte la preuve que les Régions ont une capacité de pilotage et qu'il est bien que ceux en charge de la gestion économique aient aussi la compétence emploi et formation. Bref, il démontre que les Régions sont la solution.
Quel regard portez-vous sur la manière dont les Régions ont réagi face à la crise sanitaire, et notamment face aux conséquences du confinement sur la formation ?
Je constate que la structure Régions de France a permis un dialogue et un partage d'expériences dans ces moments d'inattendus. Cela, au-delà des différences politiques entre Régions. Nous avons tous réagi avec des solutions assez proches. Mais au-delà, les Régions partagent l'importance de se projeter dans l'avenir : en accélérant la professionnalisation des acteurs, en développant les formations en situation de travail, en passant à une logique de compétences, etc. Finalement, ces années où le dialogue a été difficile avec le gouvernement ont aussi été des années de rapprochement entre les Régions.