L'État débloque 781 millions d'euros en faveur de la formation dans l'intelligence artificielle

Suite logique du plan amorcé en 2018 pour faire de la France un poids-lourd de l'intelligence artificielle (IA), le gouvernement a débloqué une enveloppe de 2.2 milliards d'euros (1.5 milliards d'argent public) dont 781 millions consacrés à la formation dans le secteur.

« Nous devons mettre le paquet sur la formation. Pour une raison assez simple : la bataille pour l'intelligence artificielle, et de la technologie, n'est ni plus ni moins qu'une bataille pour les talents, expliquait récemment le secrétaire d'Etat chargé du numérique Cédric O, avant de poursuivre, Aujourd'hui, le premier sujet qui remonte du Plan France 2030 après consultation de toutes les boîtes, c'est la formation. De manière générale, mais aussi dans la technologie. Si nous sommes capables d'avoir massivement plus de talents, alors à la fin de l'histoire on gagnera la bataille. »

1 200 étudiants en 1^er cycle supplémentaires par an

 Déployé pour cinq ans, le plan de formation se déclinera en deux volets : « formation d'excellence », dans le cadre du Plan France 2030, dont l'objectif sera de « hisser plusieurs établissements d'enseignements supérieurs français déjà leaders des disciplines de l'IA au niveau national jusqu'au sommets européens et mondiaux tout en accroissant la taille de leur promotion » avec un soin accordé à « l'ouverture aux meilleurs étudiants internationaux. »

Le second volet consacré à la massification de l'offre nationale de formation en IA s'inscrit dans le double cadre de la Stratégie d'accélération pour l'IA et du Plan France 2030. Ambition : former « au moins » 2 000 étudiants en 1^er cycle (DUT / licence / licence pro), 1 500 en master et 200 thèses supplémentaires par an.

Selon la présidence de la République, un portail devrait également voir le jour en 2022, et répertorier les formations disponibles en science de la donnée, en robotique et intelligence artificielle.

« Pas besoin de savoir coder pour être formé en IA »

 Pour Katya Lainé, présidente de la commission IA chez Numeum (syndicat professionnel de l'écosystème du numérique en France) « ce nouveau plan est le bienvenu et les enjeux des prochaines années sont déjà en cours. » Selon elle, l'offre actuelle de formation dans le secteur est trop focalisée au niveau expertise. « Nous avons vraiment besoin de Bac+2 : 91% des professionnels français sont au niveau Bac+5 contre 64% dans d'autres pays. Nous avons même 25% de Bac+5 à doctorat, c'est énorme ! »

Elle estime que le nombre de salariés dans l'IA passera de 13 000 à 21 000 d'ici 2023. Avec un léger couac du côté des offres d'emploi. « Nous nous sommes aperçu que les entreprises surestiment le besoin de compétences en IA. L'enjeu est de mieux définir les besoins RH liés aux profils recherchés. »

Katya Lainé avertit sur la nécessité de prendre en compte la reconversion professionnelle dans le secteur, et l'importance de la formation continue sur l'IA en entreprise. Quitte à casser les clichés au passage. « Pas besoin de savoir coder pour être formé en IA ! Vous avez, au sein de chaque entreprise, des personnes qui ont un besoin de formation en IA sans forcément toucher à la data ou aux algorithmes. Ça peut être des chefs de projet par exemple, avec des cas d'usage ou de la gestion produit. »

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