L'Etat se met au service des services à la personne
A l'occasion de la signature d'une convention « Un jeune, une solution », les employeurs des services à la personne, l'État et la branche ont ébauché des pistes pour faciliter l'accès aux financements mutualisés de la formation, rendre les formations du secteur plus attractives et ouvrir de nouveaux viviers de candidats.
Par Emmanuel Franck - Le 04 mai 2021.
La Fédération du service aux particuliers (FESP) et l'État ont signé, le 29 avril, une convention nationale autour du plan « Un jeune, une solution ». Les employeurs des services à la personne (SAP) s'y fixent notamment l'objectif de signer 5 000 contrats d'apprentissage. A Thibault Guilluy, haut-commissaire à l'emploi et à Patrick Toulmet, délégué à l'apprentissage dans les territoires fragiles, ils font toutefois part de leurs difficultés à accéder aux financements publics, à attirer des candidats et à remplir leurs formations.
Portées par le vieillissement des baby boomers et par le déploiement prochain du crédit d'impôts immédiat, « les entreprises du secteur vont devoir recruter massivement, ce qui suppose qu'elles soient attractives et donc qu'elles proposent des parcours et des formations » aux éventuels candidats, expose Maxime Aiach, président de la FESP.
Délais de remboursement de l'Opco
Le besoin est là mais « les entreprises veulent être rassurées sur les aides au recrutement des apprentis et des jeunes », déclare Claire Lanneau, fondatrice de Babychou, dont le réseau de franchisés emploiera plus de 300 apprentis en 2021. Ces aides ont déjà été prolongées et il s'agit d'« un soutien exceptionnel », explique Thibault Guilluy. Il signale toutefois une étude d'impact en cours, en vue de décider « ce qui sera prolongé en 2022 ». Micheline Mauduit, directrice de la société de conseil pour les SAP Brigitte Croff et de son centre de formation d'apprentis (CFA), relève pour sa part que « l'Opco ne paie pas à temps son CFA ». Thibault Guilluy, soucieux d'adopter une « approche servicielle » vis-vis de ce secteur si porteur en emplois, lui assure qu'il travaille avec les Opco, « bousculés par la réforme de 2018 », afin de réduire les délais de remboursement aux organismes de formation. Aline Mougenot, administratrice CFTC de l'Opco EP, signale de son côté que l'Opco a déjà dématérialisé les procédures de remboursement.
Micheline Mauduit regrette également que « le contenu pédagogique des formations [soit] parfois trop scolaire et rebute les jeunes ». Aline Mougenot signale que la branche va bientôt conclure un accord de formation qui encadrera la validation des acquis de l'expérience (VAE) et les préparations opérationnelles à l'emploi (POE).
Reconnaître l'expérience des aidants familiaux
Le problème de fond reste toutefois d'attirer des candidats dans les métiers des SAP, que Micheline Mauduit estime mal valorisés par les conseillers professionnels de Pôle emploi, mais dont Patrick Toulmet rappelle « qu'ils ne sont pas toujours assez payés ». Claire Meynard, responsable d'une agence Générale des services à Bordeaux, a constitué, avec trois autres entreprises, un groupement d'employeurs afin d'accéder à des candidats relevant de l'insertion, ce que ne peut pas faire une entreprise classique. Saisissant le balle au bond, Thibault Guilluy propose aux employeurs des SAP de diffuser leurs offres d'emploi sur le site inclusion.beta.gouv.fr, « à condition [qu'ils soient] prêts à accueillir des personnes non qualifiées ». Il déclare par ailleurs travailler avec AG2R à la reconnaissance des compétences des aidants familiaux.