Quels leviers pour la mobilité des apprentis à l'étranger ? (EGMA)
Les mesures pouvant inciter les employeurs et leurs alternants à se lancer dans une démarche de mobilité peuvent être d'ordre financières mais aussi communicationnelles, ont présenté les intervenants d'une table ronde organisée le 16 septembre lors des états généraux de la mobilité des apprentis (EGMA) organisés par Euro App Mobility.
Par Raphaëlle Pienne - Le 22 septembre 2021.
La mobilité internationale des apprentis, en particulier pour de longues périodes, se heurte encore à de nombreux freins. Parmi eux, le « coût » que peut représenter pour l'employeur l'absence de son salarié.
Mutualiser les dépenses de la mobilité
Face à ce facteur financier, certaines solutions sont mises en œuvre en Europe. C'est le cas par exemple du « stage pratique à l'étranger », qui existe depuis 1992 au Danemark. « Ce programme permet aux apprentis de passer au moins un mois au cours de leur apprentissage dans une entreprise publique ou privée n'importe où dans le monde », présente Roxana Flavia Dam, chargée de projets européens chez l'organisme de formation danois EUC SYD. L'originalité de ce dispositif tient au fait qu'il est financé par une contribution obligatoire des entreprises à un fonds pour l'alternance, que celles-ci emploient ou non des apprentis. « L'employeur danois est remboursé des frais directs de mobilité de l'apprenti […], par exemple pour couvrir les frais de voyage, ou si le salaire est moins élevé dans le pays d'accueil », explique-t-elle.
Le système français, où les entreprises contribuent également au financement de l'apprentissage, peut faire écho à cet exemple danois. « En pratique, les opérateurs de compétences (Opco) peuvent financer les coûts générés par [la] mobilité internationale », expose René Barbecot, directeur des partenariats institutionnels chez l'Opco Atlas. Lorsque l'apprenti part à l'étranger, l'Opco Atlas a ainsi mis en place des montants forfaitaires, versés au centre de formations d'apprentis (CFA), pour couvrir les frais du référent mobilité du CFA (500 euros), et les frais supportés par l'apprenti (1800 euros pour une mobilité jusqu'à 4 semaines et 2 500 euros pour une mobilité longue).
Promouvoir la mobilité, auprès des entreprises et des apprentis
Ces mesures financières ne sont pas exemptes de défauts. En France, où les politiques de financement de l'apprentissage diffèrent selon les branches professionnelles, les mesures de prise en charge de la mobilité internationale ne sont pas homogènes et varient selon les Opco. Au Danemark, qui bénéficie lui d'un système national, l'incitation uniquement financière ne suffit pas. « Bien que ce système soit en place et que nous essayions de le rendre le plus simple possible, il faut encore convaincre les entreprises d'envoyer leur apprenti à l'étranger. […] Il est parfois difficile d'expliquer les avantages des compétences non techniques et de faire valoir l'expérience en mobilité », souligne Roxana Flavia Dam.
Enfin, les freins à la mobilité ne sont pas seulement du côté des employeurs. Les apprentis eux-mêmes peuvent être réticents à se lancer dans cette expérience. « Ce n'est pas que les jeunes ne veulent pas aller à l'étranger, mais ils ont peur de partir et n'ont pas accès aux informations sur les différents programmes. Il y a également les obstacles administratifs, linguistiques, psychologiques, et l'autocensure », liste Louise Chancellier, déléguée générale pour la France d'ESN (Erasmus Student Network). Face à ces obstacles à la mobilité internationale des apprentis, l'information et la communication demeurent l'une des clés de la réussite.