Comment promouvoir l'abondement au CPF dans les entreprises ?

Si le CPF a su s'imposer auprès des actifs, le dispositif n'a pas encore pris sa place dans la co-construction de parcours professionnels. Prévus par la réforme de 2018, les abondements portent cette ambition. Les co-financements permettent l'articulation du CPF avec les politiques de développement des compétences des entreprises ou des pouvoirs publics. Les formations mobilisées dans ce cadre répondent aux besoins du marché du travail et peuvent soutenir des mobilités ou des reconversions. Selon la Caisse des dépôts, ces parcours sont plus longs et visent davantage des certifications, titres et diplômes inscrits au RNCP. Déployés progressivement depuis 2020, les abondements montent en puissance auprès de Pôle emploi, des Régions et des branches professionnelles. Mais les entreprises, toujours prudentes face à cet outil à la seule main de leurs salariés, tardent à l'intégrer dans leur politique de formation (voir encadré). Afin de susciter une dynamique, l'opérateur du CPF expérimente de nouvelles offres de service.

Des conventions de délégation de gestion

Les petites et moyennes entreprises ont été les plus actives et ont privilégié les dotations volontaires sur le compte de leurs salariés. Pour les plus grandes, la Caisse des dépôts s'oriente vers des modèles de conventions permettant à la fois de sécuriser et de simplifier les process. Première piste en phase de test, la délégation de gestion à l'instar de ce qui a été mis en place avec les branches professionnelles via leurs opérateurs de compétences. A ce jour, 5 Opco (Uniformation, l'Afdas, Atlas, l'Opco Santé et Ocapiat) ont signé ce type de conventions pour une enveloppe totale de 14 millions d'euros. La Caisse des dépôts gère ces crédits en fonction de règles d'attribution définies par les financeurs. « Nous expérimentons la formule de ces conventions de délégation de gestion avec le groupe Veolia. Avec d'autres entreprises, nous travaillons plus en amont sur l'éligibilité des formations abondées au CPF dans le cadre d'un accord collectif », précise Laurent Durain, directeur de la formation professionnelle à la Caisse des dépôts.

Vers une nouvelle culture de la certification dans l'entreprise

L'opérateur du CPF pourrait ainsi aller plus loin dans l'accompagnement des entreprises. Un des freins possibles au déploiement d'une politique d'abondements articulée au plan de développement des compétences réside dans la difficulté, pour les entreprises, d'identifier les certifications professionnelles correspondantes au sein du catalogue du CPF. Une expertise pas toujours maîtrisée par leurs équipes des ressources humaines. La Caisse des dépôts travaille avec un grand groupe sur ce sujet technique mais essentiel pour sécuriser le remboursement des formations et renforcer l'employabilité des salariés. Enfin, une troisième possibilité devrait s'ouvrir l'année prochaine.  « Une nouvelle offre de service devrait être déployée en 2023. Elle permettra à l'entreprise de promouvoir l'abondement de formations ciblées auprès d'une certaine catégorie de salariés », confirme Laurent Durain. Dans un contexte où la régulation du CPF pourrait être renforcée autour d'objectifs d'emploi et d'insertion professionnelle, le co-financement représentera un levier intéressant.