Edgar Grospiron, champion olympique, conférencier et entrepreneur

Edgar Grospiron, le boss de la motivation

Alors que vont s'ouvrir les Jeux olympiques d'hiver à Pékin, le 4 février, le Quotidien de la formation vous offre un petit coup de fouet « motivation » en compagnie du champion olympique de ski de bosses, Edgar Grospiron, devenu conférencier entrepreneur.

Par - Le 31 janvier 2022.

1992. L'épreuve de ski de bosses est pour la première fois inscrite aux Jeux olympiques d'hiver, un haut-savoyard bondissant annonce à qui veut l'entendre qu'il va remporter l'or. La légende dit que même Jean-Claude Killy en a eu des sueurs froides. Le principal intéressé, Edgar Grospiron, n'en est pas à son coup d'essai. N'a-t-il pas asséné quelques années plus tôt à la conseillère d'orientation de son collège qu'il allait « faire champion du monde de ski » ?

Deux médailles olympiques, trois titres de champion du monde et d'innombrables victoires plus tard, Edgar Grospiron passe par la case consultant télé puis entame une reconversion de conférencier professionnel, « principalement dans le monde de l'entreprise pour motiver les ressources humaines. » Après un certain empirisme dans sa pratique de compétiteur, il n'a depuis de cesse de comprendre, « comment ça fonctionne d'un point de vue théorique. »

Objectif performance

Incarnation de l'individu-acteur de sa formation tout au long de la vie, il semble ne pas concevoir de s'arrêter de progresser. « Quand un truc me plaît, j'y vais, j'investis, je me paie des formations. » Théorie de la motivation, outils d'évaluation personnelle, certification de coach et aujourd'hui, neurosciences, tout ce qui touche à une meilleure compréhension du fonctionnement humain l'intéresse. Son ressort ? La passion, cette « énergie fantastique qui permet de faire des choses incroyables sans se fatiguer ! » À ceux qui attribuent ses succès à sa passion pour le ski, lui rétorque que sa passion n'était pas le ski mais la performance, source de motivation.

Leviers de motivation

Et quand Edgar Grospiron parle de motivation, on tend l'oreille : « la motivation résulte des efforts ou de l'énergie que l'on met dans une activité et du retour sur investissement. Si le retour vous paraît supérieur, la motivation est grande ; s'il est équivalent à ce que l'on a le sentiment de donner, elle est conditionnée ; si l'on a l'impression de dépenser plus que ce que l'on reçoit, on s'inscrit dans une spirale d'effort qui dégrade la motivation. » Pourquoi ? « Parce que la motivation est l'énergie du plaisir alors que l'effort est l'énergie de la volonté. » Et n'allez pas lui dire que la fin justifie les moyens : « on peut réussir un exploit à force de volonté mais ce n'est pas de la performance ; dans le sport, on dit que l'exploit, c'est de monter sur le podium, la performance, c'est d'y rester. » Et pour durer, il faut de la motivation, et donc, du plaisir.

"Être accompagné, c'est progresser plus vite, plus haut et plus fort"

Dans sa quête de modélisation, Edgar Grospiron identifie des leviers d'activation de la motivation. Les trois principaux ? L'ambition, la confiance et l'envie de progresser. En entreprise, l'ambition s'incarne selon lui dans les projets et les objectifs, qui doivent être porteurs de sens et dont la réalisation est source de revenus comme de satisfaction et de fierté. Pour chasser le doute qui dégrade la motivation, il faut s'investir et progresser afin de gagner en confiance. Progresser ? « C'est gagner en termes de compétences et d'aptitudes pour être capable de faire en un minimum de temps un maximum de chemin. » Et d'insister : « si tu n'enrichis pas ton savoir, tu vas apporter toujours la même chose, ce n'est ni gratifiant ni intéressant. »

Évolution permanente

Alors que la pandémie aurait accéléré le désir de reconversion des Français, Edgar Grospiron préfère y voir un changement de paradigme : « les gens sont dans des logiques non pas de reconversion mais d'évolution permanente : ils s'adaptent. » Ces processus d'évolution doivent-ils être accompagnés ? « Être accompagné, c'est accélérer le chemin de progression », répond l'ancien sportif de (très) haut niveau, qui souligne ce que ses succès doivent à ses coachs : « l'accompagnement, c'est plus vite, plus haut et plus fort que tout seul. »

Sa propre clé d'une motivation qui perdure ? « La même chose que quand je skiais, donner du bonheur aux gens, partager avec ceux qui me soutiennent, avoir des objectifs et progresser en permanence. » Dans son nouveau métier, le champion olympique est passé de l'accomplissement individuel au partage : « ce qui me rend heureux, c'est de permettre aux gens de gagner en autonomie et de trouver des leviers d'épanouissement et d'accomplissement personnel, par eux-mêmes. » Et de conclure : « je ne suis pas un gourou, juste un catalyseur… »

Pour ceux qui y étaient comme pour ceux qui le découvriront aujourd'hui, on ne résiste pas au plaisir d'un grand souvenir, d'une époque où le masque se portait sur les yeux et le casque, ...quel casque ?