Europass mobilité, un outil de reconnaissance du parcours européen

« Il faut encourager la mobilité des apprenants à l'étranger et cela passe par la reconnaissance », souligne Émilie Deverre, responsable projets ingénierie des certifications Anfa et expert Erasmus+ de l'enseignement et de la formation professionnels. Pour Pierre Touillon, conseiller en internationalisation des compétences au CCCA-BTP, « le secteur de l'enseignement et de la formation professionnels n'a pas à rougir de ce qu'il a mis en place en termes de reconnaissance des acquis de la formation. » Il en veut pour preuve le fait que le ministère de l'Éducation nationale a élargi en août 2022 la reconnaissance de la mobilité aux lycéens de l'enseignement général, avec la prise en compte d'une période de quatre semaines à l'étranger, via un contrat pédagogique et l'inclusion dans la certification finale.

« La reconnaissance des mobilités en formation professionnelle initiale s'effectue à différents niveaux », rappelle Emilie Deverre : sur le plan institutionnel, les dispositifs Europass mobilité, unité facultative de mobilité et reconnaissance des compétences métier sont complémentaires et constituent un atout différenciant pour les organismes de formation, qui permet d'attirer les jeunes et les parents ; sur le plan professionnel, la mobilité apporte une plus-value métier, apporte un regard neuf sur les pratiques et des compétences à l'établissement d'accueil. Pour les jeunes, elle améliore l'employabilité en France comme à l'étranger et développe l'ouverture d'esprit pour prendre de la hauteur sur ses apprentissages. Enfin, sur le plan personnel, la mobilité est un enrichissement professionnel et culturel, qui permet de bâtir des ponts et de réconcilier l'apprenant avec ses apprentissages et les langues.

Du « supplément au diplôme » à Europass

Autant d'enjeux qui justifient la quantité d'outils européens développées à partir des années 90 pour faciliter la reconnaissance des expériences internationales. C'est Laurent Lascrou, ingénieur de promotion et d'animation sur le dispositif Europass à l'Agence Erasmus+ France Éducation & Formation, qui rappelle les principales étapes : supplément au diplôme (1996), portfolio européen des langues (1998), Europass Formation (1999) et, via le Cedefop, CV européen (2002) et supplément au certificat (2003). En 2004, c'est l'ambition de la Commission européenne de créer un cadre communautaire unique sur la transparence des compétences et des qualifications aboutit à la création d'un portfolio de compétences. « L'objectif est d'aider les citoyens à valoriser leurs compétences à travers des documents standardisés, reconnus partout en Europe, et de développer fortement la mobilité internationale », explique Laurent Lascrou.

C'est la naissance d'Europass, actée par une décision communautaire contraignante pour les États membres. Pour établir ce document européen qui permet aux apprenants de décrire leurs compétences acquises suite à une mobilité d'études ou de stage en entreprise, trois pré-requis sont nécessaires : un tuteur identifié, une convention de stage et un programme de formation, lié ou non à Erasmus. Clairement identifiée et traduite en compétences, l'expérience internationale peut ainsi être valorisée dans le CV du bénéficiaire.

Europass 2022

Où en est-on 18 ans après ? Europass s'est inscrit durablement dans le paysage de la certification professionnelle, avec 266 000 Europass mobilité délivrés par l'agence nationale. Au-delà de chiffres, Laurent Lascrou estime que le dispositif a été une source d'inspiration pour de nombreux établissements qui se sont appropriés la démarche, parfois en créant à leur propre initiative d'autres portfolios de compétences, toujours avec un objectif d'insertion professionnelle à court ou moyen terme. Pour les bénéficiaires, l'intérêt est de pouvoir valoriser leurs expériences internationales dans leur CV.

Pour Laurent Lascrou, la rénovation du dispositif Europass dans le cadre de la nouvelle programmation Erasmus+ 2021-2027 permet de suivre l'évolution de la société, qu'il s'agisse de la montée en puissance des compétences transversales (soft skills), de la fin de la linéarité des parcours professionnels, de l'essor du numérique ou de la multiplication des expériences de mobilité chez les jeunes. Dès 2018 a ainsi été votée une nouvelle décision européenne^{[ 1 ]}Cadre commun pour la fourniture de meilleurs services dans le domaine des compétences et des certifications., actant la création d'une plateforme en ligne de gestion des compétences et des carrières tout au long de la vie. Avec ce nouveau service, un accès par profil de compétences permet de créer et diffuser CV et lettres de motivations, de stocker les preuves (diplômes, attestations de stage, …), d'auto-évaluer ses compétences numériques et linguistiques et, « surtout, d'accéder à des offres de formation et d'emploi partout en Europe », précise Laurent Lascrou.

Retrouvez dans la prochaine édition du Quotidien de la formation deux autres dispositifs de reconnaissance des acquis de la mobilité internationale : l'unité facultative de mobilité et la reconnaissance certificative des compétences métiers.