Frédéric Souillot, secrétaire général de FO. © Force ouvrière
Force ouvrière « pas favorable à un reste à charge sur le CPF »
Frédéric Souillot, le nouveau secrétaire général de Force Ouvrière élu le 3 juin dernier, était l'invité de l'Ajis (Association des journalistes de l'information sociale) mercredi 9 novembre. Il a notamment exprimé son désaccord vis-à-vis de l'idée d'instaurer un reste à charge systématique pour les utilisateurs du compte personnel de formation.
Par Mariette Kammerer - Le 10 novembre 2022.
Alors que le gouvernement réfléchit à imposer une participation financière à toutes les personnes qui mobilisent leur compte personnel de formation (CPF), le secrétaire général de Force ouvrière se dit opposé à cette solution : « Je ne suis pas favorable à l'instauration d'un reste à charge systématique pour les utilisateurs du CPF », a-t-il affirmé devant les journalistes de l'Ajis (Association des journalistes de l'information sociale).
Libre choix du CPF hors temps de travail
Concernant les problèmes financiers de France compétences, qui motivent cette volonté de « réguler » le CPF, FO rappelle que « ces dérives liées à la monétisation du CPF », avaient été « anticipées » par le syndicat. « Il faudrait une évaluation sur l'utilisation du CPF, estime Frédéric Souillot. Je pense que si le CPF est utilisé hors temps de travail il doit relever d'un libre choix du bénéficiaire, mais s'il est utilisé pendant le temps de travail, la formation choisie doit correspondre aux besoins de l'employeur ». Il ne se prononce pas sur un éventuel « tri » parmi les formations éligibles au CPF.
Quant aux aides financières à l'apprentissage, en grande partie responsables du déficit de France compétences, FO estime « normal que ces aides diminuent aujourd'hui ».
Discussion paritaire à l'arrêt
Frédéric Souillot constate que le chantier de la formation professionnelle est plus long et complexe qu'il ne l'aurait imaginé. « Je pensais que l'on pourrait avancer vite, mais cela prend du temps de se mettre d'accord paritairement car on n'a pas la même vision », explique-t-il. Entre les tenants d'un CPF laissé à la main des utilisateurs pour faire « tout type de formation sans lien avec les besoins du marché de l'emploi », et ceux qui veulent réduire le CPF « à l'employabilité et aux besoins de l'entreprise », « on est arrivés à mi-chemin entre ces deux extrêmes ». Néanmoins il souligne que la discussion paritaire sur la formation professionnelle « est à l'arrêt depuis mars 2022, avant l'élection présidentielle ». La séance conclusive de ces négociations interprofessionnelles devrait se tenir le 30 novembre.
Réforme des lycées professionnels
Le représentant de FO s'associe aux critiques concernant la réforme des lycées professionnels en cours d'élaboration. Celle-ci vise à redresser la voie professionnelle en la rapprochant des entreprises. « Le lycée professionnel doit rester l'éducation nationale », estime Frédéric Souillot, « il ne faut pas vouloir en faire un CFA bis » ni mettre « des représentants du patronat dans son conseil d'administration ».
Selon lui, le problème est lié « à l'orientation en fin de 3è au collège, car ce sont les mauvais élèves qui sont orientés en lycée professionnel. Il faudrait valoriser cette filière pour ne pas en faire une voie de garage ». Les taux d'insertion dans l'emploi sont faibles parmi les diplômés de ces lycées (CAP 41% et Bac pro 51%, deux ans après).