Michel Beaugas, secrétaire confédéral FO, en charge de la formation professionnelle et de l’emploi..
« Il faut revenir sur la mauvaise loi de 2018 » (Michel Beaugas, FO)
La loi du 5 septembre 2018, dite « avenir professionnel », est une « erreur » et un « échec », estime Michel Beaugas, chef de file du pôle formation professionnelle au sein de Force ouvrière. Laquelle a ouvert son congrès confédéral dimanche 29 mai à Rouen.
Par Laurent Gérard - Le 30 mai 2022.
« La formation professionnelle sera, lors de ce congrès national, un sujet de la même importance que l'assurance chômage, le paritarisme... Ce sujet est de haute importance pour Force Ouvrière. Le 2 juin les congressistes auront les résolutions, dont un texte social contenant le sujet de la formation, ils voteront le vendredi 3 juin », explique Michel Beaugas, secrétaire confédéral en charge de la formation professionnelle.
Réforme non financée
Michel Beaugas donne le ton de cette résolution à venir : « la réforme de la formation est non financée, on le sait et le dit depuis 2018. Il faut agir sur les recettes. Ce qui est du ressort de la formation initiale, comme l'apprentissage, doit être financé par l'Etat. Et la part des contributions des entreprises doit augmenter, elles ont baissé dès 2014, et les engagements de formation des employeurs n'ont pas été tenus. Ils doivent faire la démonstration de leurs efforts de formation avant toute chose, avant de parler exonérations. Il faut remettre en place la déclaration fiscale 2483 ou un équivalent. Aujourd'hui, le système est très étatisé, mais on ne lit plus les efforts ».
Collecte directe via les Opco
Dans la même logique, le spécialiste de la formation au sein de FO précise : « Non à l'Urssaf pour réaliser les collectes : il y a déjà de la perte en ligne et des problèmes de répartition des fonds entre les branches : il vaut mieux une collecte directe via les Opco. L'exemple de l'Unedic -aujourd'hui incapable de contrôler sa collecte venant de l'Urssaf- doit nous alerter ».
Il est en tout cas pour lui « hors de question de prendre 2 points de PIB sur les retraites pour financer l'apprentissage ou autre chose. De toute façon, ils vont venir tous seuls ces 2 points avec les changements démographiques ». Tout comme « il est hors de question de réduire les droits CPF annuels de 500 à 400 euros », selon lui.
Une vraie politique d'orientation
Sur l'apprentissage, « il faut trancher de savoir si c'est de la formation initiale ou pas. Il faut garder les 2 voies d'alternance : apprentissage et lycées professionnels, car l'apprentissage ne va pas à tous les jeunes, et l'Etat doit s'engager sur la rénovation des lycées professionnels ».
« L'alternance mérite une vraie politique d'orientation donnant des informations sur les parcours possibles, les besoins de reconversion très en amont... Au bout de 6 mois, un apprenti est déjà productif, c'est de la main d'oeuvre pas chère ».
La monétisation du CPF, une erreur
Sur le CPF, Michel Beaugas maintient que « la monétisation est une erreur qui débouche, entre autres, sur des vols de comptes. Il faut interdire le démarchage. Ce droit personnel doit être éclairé par un CEP obligatoire, pour réaliser une formation professionnalisante et non de loisir. La logique de co-financement est alors intéressante et nécessaire, et qui dit co-investissement dit contrôle. D'ailleurs, nous prônons une négociation sur le plan de développement des compétences de l'entreprise avec l'idée de co-construction : les employeurs n'en veulent hélas pas ».
Sur l'accès aux fonds mutualités des entreprises de 50-300 salariés, Michel Beaugas estime « que du conventionnel de branche doit d'abord compenser ce manque. Or, il n'y a pas de conventionnel chez les plus gourmands. Alors, après, quand les entreprises auront prouvé leur désir d'investir, on pourra parler mutualisation des fonds légaux ».