L'alternance plébiscitée par ceux qui la pratiquent
Levier d'insertion pour les uns et moyen de recrutement pour les autres : l'alternance séduit les jeunes et les entreprises qui y ont recours. C'est ce que révèle la première édition de l'Observatoire de l'alternance. Cette étude met cependant en lumière plusieurs pistes d'amélioration pour sécuriser les parcours et développer davantage cette modalité de formation.
Par Laurent Gérard - Le 21 février 2022.
L'alternance répond aux attentes des employeurs et des jeunes. Parmi les entreprises ayant recours à l'alternance, 91 % se disent satisfaites. Un taux de satisfaction qui s'établit à 82 % pour les alternants. La première édition de l'Observatoire de l'alternance confirme le succès de cette modalité de formation. Cette étude réalisée par BVA pour le compte de la Fondation the Adecco Group, du cabinet de conseil Quintet et de l'association Walt a été réalisée auprès de 626 entreprises qui recrutent des alternants et de 505 jeunes embauchés en contrat d'apprentissage ou de professionnalisation.
Des besoins en compétences et des motivations financières
Pour les alternants, c'est la possibilité « d'acquérir des compétences et de l'expérience », qui explique ce succès, selon Olivier Gauvin, de l'association Walt. Les jeunes apprécient particulièrement, « le rythme de travail équilibré entre temps en entreprise et temps en école, et la qualité de la formation », ajoute Cécile Mathivet de la Fondation The Adecco Group.
Du côté des entreprises, le recours à l'alternance est motivé à 89 % par des besoins en compétences ou une politique RH en faveur des jeunes. Néanmoins, les aspects financiers – obtention d'aides et maîtrise des coûts salariaux – jouent aussi pour 57 % des employeurs. Ceux qui plébiscitent l'alternance mettent en avant l'aspect compétences mais apprécient aussi le fait que les alternants contribuent à rajeunir leurs équipes et leur apportent un regard neuf, constate Alain Druelles, du cabinet de conseil Quintet.
Faciliter la rencontre entre employeurs et alternants
L'Observatoire de l'alternance pointe cependant une série d'écueils auxquels ont été confrontés les employeurs et les alternants. Ainsi 9 entreprises sur 10 ont fait face à des difficultés dans le processus d'embauche que ce soit pour trouver un candidat ou la formation adéquate, sans parler de la « lourdeur des démarches administratives ». Pour les jeunes, la recherche de l'entreprise constitue le principal frein à l'accès au dispositif. Faciliter la rencontre entre les entreprises et les jeunes fait partie des sujets à explorer, selon les fondateurs de l'observatoire.
Accompagnement et tutorat à perfectionner
Autre point de vigilance : seulement 5 % des alternants disent avoir bénéficié d'un parcours d'intégration ou d'une formation lors de leur entrée dans l'entreprise, alors que 62 % des entreprises disent avoir prévu ce parcours. Par ailleurs, plus d'un quart des alternants (voire plus en CAP) indique ne pas avoir eu de tuteur au sein de leur entreprise d'accueil, alors que cet accompagnement est obligatoire. Et rare sont les entreprises (40%) qui forment les tuteurs.
Question rémunération, seuls 8% des entreprises versent un salaire supérieur au minimum légal ou conventionnel, ce que confirment les réponses des alternants. Ces derniers estime par ailleurs qu'ils ne bénéficient pas des mêmes avantages que les autres salariés. D'où le sentiment de ne pas être pleinement intégré à l'entreprise, exprimé par 21 % d'entre eux.
Des leviers à actionner
Cette enquête met en lumière des voies d'amélioration parmi lesquelles l'instauration d'un véritable parcours d'intégration au sein des entreprises et la professionnalisation des tuteurs. Les fondateurs de l'observatoire formulent aussi des propositions pour consolider le développement de l'alternance : « ne pas supprimer brutalement les aides » voire « les orienter vers les plus bas niveaux de qualification, afin de soutenir la relance récente de l'alternance infra-bac », suggère Alain Druelles. Autres pistes à explorer : envisager une fusion « méthodique et très progressive » des contrats de professionnalisation et d'apprentissage et développer la culture de l'alternance dans les secteurs où elle est moins ancrée, comme la culture ou la santé.