Philippe Brivet, directeur de projet partenariats de la Caisse des dépôts et consignations.
« Le CPF doit devenir plus qualitatif » (Philippe Brivet, CDC)
Succès quantitatif, le compte personnel de formation doit connaître une mue qualitative, estime Philippe Brivet, en charge des partenariats publics à la direction de la formation professionnelle de la Caisse des dépôts et consignations, lors d'une matinée Afref, jeudi 24 novembre.
Par Laurent Gérard - Le 25 novembre 2022.
Où en est le compte personnel de formation, quatre ans après la loi du 5 septembre 2018? Philippe Brivet, adjoint de Laurent Durain, en charge des partenariats publics à la direction de la formation professionnelle de la Caisse des dépôts et consignations, l'opérateur du CPF, a répondu à cette question lors de la matinée Afref du 24 novembre.
En termes de chiffres, plus de 39 millions de comptes sont alimentés, 18,5 millions de Français ont signé les conditions générales d'utilisation, et 5,46 millions de dossiers ont été acceptés depuis l'ouverture de la plateforme. 7,38 milliards d'euros de coût pédagogique ont été engagés, le prix moyen d'un CPF est de 1 350 euros.
Permis de conduire n°1
Le permis de conduire, la création et reprise d'entreprise, les tests de langues anglaises, les bilans de compétences, l'utilisation d'un tableur, les certifications bureautique… tiennent toujours le haut du pavé en termes de consommation. 14 % des dossiers sont annulés.
Philippe Brivet met en avant la « forte représentation des salariés -65% des demandes- et des personnes moins qualifiées -niveau bacs et infra-, alors que les demandeurs d'emploi représentent 1/3 des dossiers ». Par ailleurs, assure -t-il, le nouveau CPF bénéficie massivement aux ouvriers et employés (73,3%), 20% des demandes émanent des seniors et la parité hommes/femmes est totale.
Comparativement, ajoute-t-il, le CPF en heures de 2015 à 2019 s'était traduit par 2 millions de dossiers, essentiellement des cadres, des hommes, avec une sous-représentation des seniors. Au final, selon lui, le nouveau CPF est « une réussite quantitative », signe d'« un accès à la formation qui se démocratise ».
Plus de qualité
Pour autant, il faut construire l'avenir du CPF, qui, selon le dirigeant de la Caisse, consistera à « travailler plus sur la qualité que la quantité ».
Et tout d'abord, en rappelant inlassablement que le CPF « ce sont des droits acquis et non de l'argent sur un compte bancaire! On a encore des personnes qui demandent les fonds quand ils partent en retraite ».
Le ménage parmi les prestataires de formation va continuer, renchérit Philippe Brivet. Entre 2021 et 2022 : 71 % des certificats du Répertoire spécifiques ont été supprimés par France compétences. Les formations les plus « fraudogènes » portent notamment sur l'ACRE (aide aux créateurs ou repreneurs d'entreprise) et la FOAD (formation ouverte à distance). « Un ménage reste à faire face aux effets de bord, qui va freiner l'entrée d'OF sur le plateforme : la vigilance sera renforcée, surtout quand on trouve sur Internet de fausses certifications Qualiopi pour 8000 euros!».
Abondements d'entreprises
Enfin, point sensible, les abondements. La notion d'abondement n'existe pas aujourd'hui dans le système de gestion de la caisse des dépôts, reconnaît son représentant. Une dotation d'entreprise reste à la main du formé : les entreprises ne sont pas sécurisées par cette formule, et demandent un fléchage précis.
« La Caisse des dépôts n'a pas encore mis en place ce processus. C'est un trou dans la raquette. Il faut construire cette brique même si certains à la caisse se demandent s'il y a un marché des abondements d'entreprises pour lancer la construction de cette brique ».