Les reconversions professionnelles à rebours des idées reçues (France compétences)
L'usage de formation et d'accompagnement lors d'une reconversion relève davantage du « bricolage » que d'un enchaînement linéaire et séquencé, souligne une étude France compétences.
Par Laurent Gérard - Le 04 février 2022.
Beaucoup de reconversions professionnelles ne correspondent pas à une certaine image qu'on peut se faire d'elles : l'image d'un choix bien planifié et bien préparé en termes de formation. C'est ce que constate France compétences dans une étude réalisée de février à mars 2021 auprès 886 répondants actifs, publiée sous le titre Etude n°4, janvier 2022, « Des reconversions professionnelles variées et éloignées des modèles linéaires ».
Stratégie opportuniste
Premier constat : pour 42% des personnes, il s'est écoulé seulement quelques semaines entre l'idée de reconversion et l'engagement dans un parcours. C'est « une stratégie opportuniste plus que vocationnelle, consécutive à une rencontre non programmée », note l'étude.
En conséquence, les changements de métier en dehors d'une entreprise ne concernent que 53 % des reconversions, une reconversion professionnelle sur quatre s'opère chez l'employeur initial, les autres consistent en un changement de statut.
Pour 3 personnes en reconversion sur 4 qui quittent leur entreprise initiale, « l'employeur de départ est une figure absente », constate l'étude. Et à 84 % des individus, le désir de reconversion est lié à « une insatisfaction professionnelle qui peut aller jusqu'à des contraintes d'emploi devenues insupportables ».
Les formations longues ne sont pas la norme
Deuxième constat : Les deux-tiers des personnes en reconversion professionnelle ont bénéficié d'un accompagnement et près de 60% ont suivi une formation, seuls 15% n'ont rien mobilisé. Mais l'étude fait le constat que « une formation longue, certifiante, et préalable à l'accès à une nouvelle situation professionnelle, n'est pas un schéma en phase avec l'ensemble des aspirations et parcours ».
La formation suivie est relativement courte. Les reconversions en dehors de l'entreprise (indépendant…) mobilisent moins d'accompagnement et de formation, que les reconversions dans une entreprise. Les reconversions changement de métier bénéficient nettement plus d'accompagnement et de formation que celles liées à un changement de statut socioprofessionnel… Point important : « l'entreprise d'accueil joue un rôle déterminant dans la mobilisation de ressources, y compris externes ».
Usage désynchronisé des ressources
La conclusion de l'étude laisse songeur sur la maturité formation des hommes et des systèmes censés les accompagner : « Aucun dispositif (CEP, bilan de compétences, aide à la création ou l'incubation d'entreprise, appui d'un service RH, formation...), n'est prépondérant dans les parcours de reconversion professionnelle », affirme France compétences. « Les personnes témoignent d'un usage souvent cumulatif et désynchronisé de ces dispositifs, qui relève de stratégies de bricolage ».