L'orientation, un enjeu clé pour poursuivre la dynamique de l'apprentissage
Passer le cap du million d'apprentis comme le souhaite le gouvernement, tout en sécurisant davantage leurs parcours, nécessitera de mieux informer et accompagner les jeunes. C'est le constat livré par l'Observatoire de l'alternance dans une étude publiée le 22 septembre passant en revue les raisons qui incitent à choisir ou à délaisser cette modalité de formation.
Par Estelle Durand - Le 27 septembre 2022.
Les principaux freins au développement de l'alternance ont été levés avec la réforme de 2018. Mais il reste encore des écueils sur la voie qui doit mener au million d'apprentis, objectif fixé par le gouvernement pour la fin du quinquennat. L'étude menée pour le compte de l'Observatoire de l'alternance animé par l'association Walt, la Fondation the Adecco Group et le cabinet de conseil Quintet fournit des pistes à explorer pour recruter davantage d'alternants, diversifier leur profil, sécuriser leur parcours et améliorer leur insertion.
Manque d'informations
Sur le terrain, encore trop de jeunes sont incités à se diriger vers la voie professionnelle parce que leurs résultats scolaires sont insuffisants. Et malgré les efforts de promotion de l'alternance, cette modalité de formation s'avère encore méconnue. Un phénomène qui s'explique en partie par le manque de visibilité des formations en apprentissage sur les plateformes d'orientation. 19% des CFA, soit 40% des formations en apprentissage, ne sont pas recensées sur Affelnet. Sans compter, les stéréotypes qui demeurent au sujet de certains métiers préparés par la voie de l'apprentissage, l'influence du milieu social ou d'autres facteurs tels que la situation géographique sur les choix opérés par les jeunes… Un des défis à relever à l'avenir sera celui de l'orientation, selon les acteurs qui pilotent l'Observatoire de l'alternance.
Manque de coordination entre les acteurs
Régions, Onisep, enseignants, psychologues de l'Education nationale, entreprises, branches professionnelles, opérateurs de compétences, entourage familial… : de nombreux acteurs interviennent pour guider les élèves. Sur le terrain, leurs actions manquent de coordination. Elles se concrétisent de façon hétérogène dans les territoires. Pour Antoine Foucher, président de Quintet, il faudrait accepter de « déscolariser l'orientation » et « arrêter de demander aux enseignants de parler de métiers qu'ils n'ont pas exercés. » « C'est le monde professionnel qui doit aller dans les écoles pour parler de la réalité des métiers ». Autres difficultés, selon Yves Hinnekint, président de Walt : l'existence de multiples sources d'informations sur les métiers – plateformes sectorielles, observatoires de branches, observatoires régionaux – qui ne sont pas agrégées et qui ne sont pas toujours adaptées à une diffusion grand public. « Il faut communiquer avec les outils utilisés par les jeunes – les pastilles vidéo par exemple – et vulgariser l'information. »
Manque de temps pour éclairer ses choix
Que ce soit vis-à-vis des jeunes ou des publics déjà en activité, il faudrait « beaucoup plus de transparence sur l'orientation et les débouchés », ajoute Alexandre Viros, président France de The Adecco Group. Une des pistes avancées par Antoine Foucher serait de rendre obligatoire, pour tous les diplômes, la publication des taux de réussite aux examens, d'insertion dans l'emploi et de poursuite d'études. Et faire en sorte que ces indicateurs soient consultés avant de confirmer un choix d'orientation sur Affelnet ou Parcoursup. Autre écueil identifié : le peu de temps consacré à l'orientation et à l'acquisition de compétences en la matière pendant la scolarité. « Il faut laisser du temps aux jeunes et accepter qu'ils puissent se tromper », estime Yves Hinnekint, ce qui justifie « de créer davantage de passerelles », ajoute Antoine Foucher.
Des initiatives concrètes
Conscient des lacunes en matière d'information et d'orientation, le gouvernement vient de lancer à titre expérimental des demi-journées de découverte des métiers au collège. Organisées dans les établissements volontaires, ces actions feront intervenir des entreprises, des professionnels, des centres de formation… Sur le terrain, ils sont nombreux à se mobiliser pour sensibiliser les jeunes aux réalités des métiers, à l'instar des intervenants venus témoigner lors de la présentation de l'étude. Le groupe LVMH, par exemple, noue des partenariats avec des collèges et lycées et organise au sein de ces établissements des ateliers pratiques de découverte des métiers. De son côté, la Maison familiale rurale de Chateaubriant en Loire Atlantique, est en relation avec les collèges de son territoire. Les opérateurs de compétences ne sont pas en reste. L'Opcommerce, par exemple, fournit des informations sur les métiers et met en relation, par le biais de ses conseillers de proximité, des professionnels prêts à témoigner de leur expérience et des acteurs impliqués dans l'orientation des jeunes.
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