La direction générale ainsi que la présidence paritaire de l’opérateur de compétences Akto étaient présents à Mayotte du 30 mai au 1er juin 2022.
Mayotte : 3 EDEC pour améliorer la professionnalisation des salariés
L'île de Mayotte est en proie à une double difficulté : un taux d'illettrisme particulièrement élevé conjugué à un manque d'appétence de la part des entreprises et salariés pour la formation professionnelle. L'opérateur de compétences AKTO, et l'Etat, espèrent corriger le tir avec trois projets d'engagement et développement de l'emploi et des compétences (EDEC) ciblant des secteurs économiques clés.
Par Jonathan Konitz - Le 11 juillet 2022.
« Le constat de départ est simple : nous avons un fort besoin de professionnalisation. A Mayotte, les entreprises ont besoin d'être accompagnées vers la montée en compétences des salariés. Ici, les niveaux de qualification sont très bas, même pour les métiers de base. Trouver un ouvrier qualifié, c'est compliqué. La majorité des TPE-PME (très petites entreprises - petites et moyennes entreprises) ne sont pas forcément tournées vers la formation, il y a un vrai problème d'appétence. »
Par ces mots, El-Yamine Zakouana, directeur d'AKTO Mayotte, justifie le lancement de trois projets d'EDEC (engagement et développement de l'emploi et des compétences) conclus entre l'opérateur de compétences unique de Mayotte et l'Etat via la DEETS (Direction de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités). Les secteurs concernés sont le BTP, la prévention sécurité et l'interprofessionnel.
Acquérir les savoirs de base, sécuriser les parcours
D'ici août 2023, avec un budget total de 1.44 millions d'euros « 50% AKTO – 50% Etat », l'objectif de ces EDEC est double. D'une part, permettre aux salariés des secteurs concernés d'acquérir les savoirs de base en matière de lecture/écriture, « sur l'île le taux d'illettrisme et d'analphabétisme s'élève à 59%, la faute à une système scolaire très en retard », d'autres part accompagner les autres sachant déjà lire/écrire dans leur montée en compétences et la sécurisation dans leur emploi.
« Les deux vont de pair : c'est assez compliqué, quand on ne sait ni lire ni écrire, de prétendre aux formations qualifiantes et certifiantes », relève El-Yamine Zakouana.
Une opération de communication auprès des entreprises est aussi prévue. « Des conseillers et des experts vont les aider à identifier leurs besoins en compétences, à monter un plan de formation et à solliciter les différents financements. »
Le choix de déployer des EDEC vers le BTP, la prévention sécurité et l'interprofessionnel ne doit rien au hasard. Porteurs de croissance, l'essor de ces domaines s'inscrit dans le cadre du développement du territoire en s'appuyant sur le schéma régional de développement économique, d'innovation et d'internationalisation (SRDEII) et le contrat de plan régional de développement des formations et de l'orientation professionnelles (CPRDFOP). A titre indicatif, Mayotte connaît un taux de chômage de 30%.
Appareil de formation local fragile
Sur le papier, 220 salariés du BTP, 110 dans la sécurité et 360 dans le secteur interprofessionnel doivent bénéficier d'une formation d'ici l'été 2023. Or, l'appareil de formation mahorais avec sa trentaine d'organismes de formation pourrait connaître des difficultés à digérer cette mission.
« Si nécessaire, nous ferons appel à des formateurs issus de la Métropole ou de La Réunion, rassure El-Yamine Zakouana, avant de balayer un éventuel recours au distanciel dans la mise en place de certains modules, c'est compliqué avec un public ne sachant ni lire ni écrire et éloigné des dispositifs digitaux… »