Lors du webinaire sur le rapport « Les métiers en 2030 », organisé le 26 avril 2022 par la Mission interministérielle pour l’apprentissage et les trajectoires professionnelles.
Métiers 2030, « une incitation à l'action » (France stratégie)
A l'occasion d'un webinaire organisé par la mission interministérielle pour l'apprentissage et les trajectoires professionnelles, deux des auteurs de l'étude prospective de la Dares et de France stratégie sont revenus sur les conditions de réalisation du rapport relatif aux métiers en 2030 et son utilité pour les acteurs de l'emploi et de la formation.
Par Raphaëlle Pienne - Le 28 avril 2022.
Le rapport « Les métiers en 2030 », publié au mois de mars par la Dares et France stratégie, fait partie des travaux qui nourriront les politiques publiques des années à venir. « Du point de vue des acteurs au sein de l'Etat, nous sommes intéressés à entendre l'expertise, à la comprendre, à se l'approprier à des fins tout à fait concrètes », confirme Guillaume Houzel, en charge de la mission interministérielle pour l'apprentissage et les trajectoires professionnelles. En organisant mardi 26 avril un webinaire consacré à cette étude sur sa page LinkedIn, son organisation souhaitait également permettre à un public plus large parmi les acteurs de l'emploi et de la formation de s'approprier ce travail et ses résultats.
Tendances structurelles
Prédire l'avenir peut paraître périlleux. « Métiers 2030 est un exercice quantifié et extrêmement cohérent », rassure néanmoins Cécile Jolly, économiste au département travail, emploi, compétences de France stratégie. Tout le travail de ce rapport prospectif consiste en effet à tirer le fil de phénomènes structurels installés sur le long terme. « Nous prolongeons les tendances […] et les retournements de tendances ne sont jamais brutaux », explique Dorian Roucher, sous-directeur emploi et marché du travail à la Dares.
L'irruption de la crise sanitaire en mars 2020 était néanmoins de nature à casser ces évolutions longues, et a obligé la publication du rapport à être retardée de deux ans. Mais ses conséquences ont été intégrées aux nouvelles projections. « Nous avons essayé de construire un scénario de référence tenant compte des impacts un peu permanents des effets du Covid », expose Dorian Roucher. L'étude s'appuie ainsi sur des hypothèses intégrant une augmentation du télétravail et une croissance de la demande de services de santé.
Prédire pour agir
L'avenir n'est pour autant jamais certain. Les prévisions de départs à la retraite à l'horizon 2030, qui représenteront 9 postes à pourvoir sur 10, sont une donnée peu susceptible de varier. Ce n'est pas le cas des déséquilibres de main d'œuvre par métiers, étudiés pour la première fois à l'occasion de ce rapport prospectif. « Ce n'est pas du tout quelque chose qui va forcément advenir, mais c'est une incitation à l'action », explique Cécile Jolly.
Car, plus que les précédents travaux, ce rapport s'affiche avec ce nouvel angle comme un outil pour guider les futures décisions des acteurs de l'emploi et de la formation pour corriger les problématiques de métiers en tension. « Et nous ne sommes pas uniquement sur des questions [d'ouverture] de formations […]. Le travail que nous avons fait invite à diversifier les canaux de recrutement et à identifier tous ces leviers, qui peuvent être des » macro » ou des micro-leviers, sur lesquels on a individuellement peu de prise, comme la segmentation de genre [dans les métiers] », souligne-t-elle.