Pascal Picault, président de la Fnadir ; Catherine Fabre, députée LREM de la Gironde et ancienne co-rapporteure de la loi Avenir professionnel ; Yves Hinnekint, directeur Général Groupe Talis chez talis-business-school
Réforme de l'apprentissage : quels enjeux pour la suite ?
Les « 2es rencontres des entreprises éducatives pour l'emploi » étaient consacrées au thème de l'apprentissage : impact de la loi avenir professionnel et pistes d'amélioration pour le prochain quinquennat.
Par Mariette Kammerer - Le 14 mars 2022.
L'association « les entreprises éducatives pour l'emploi - 3E », qui réunit des acteurs œuvrant dans l'enseignement technique privé et la formation professionnelle, organisait mercredi 9 mars une matinée intitulée « Cap sur 1,5 millions d'apprentis en 2027 ! ». La première table-ronde faisait le bilan de la réforme et abordait les problématiques nouvelles.
Impact de la loi avenir professionnel
« En 5 ans le nombre d'apprentis a été multiplié par 2,5, c'est une réussite incroyable, et qui n'a pas concerné que le supérieur, il y a eu +20% à +30% dans les niveaux Bac et infraBac, ce qui est du jamais vu », se félicitait Catherine Fabre, députée LREM de Gironde et rapporteure de la loi avenir professionnel. Pascal Picault, président de la Fnadir (fédération nationale des directeurs de centres de formation d'apprentis), a également salué la libéralisation du système et le changement de regard sur l'apprentissage.
La qualité des formations et la place de l'entreprise ont été débattues. Les participants ont mis en avant les bons résultats de l'alternance en termes de qualification et surtout d'insertion professionnelle. « C'est la forme pédagogique la plus logique pour préparer à l'emploi. Il faut maintenant créer des parcours plus fluides, du CAP au Bac Pro à la Licence pro, avec des allers-retours en emploi », estime Catherine Fabre. Pascal Picault pense également « qu'on peut aller plus loin sur le qualitatif et sur la notion de parcours ».
Pistes d'amélioration
En revanche, tous les participants ont pointé la faiblesse et l'inadaptation du système d'orientation des élèves, dont pâtit l'apprentissage. Des efforts sont à faire pour améliorer la découverte du monde professionnel à l'école et la visibilité de la filière professionnelle.
La rénovation des diplômes et des certifications est un autre chantier inachevé. « On ne peut plus avoir des diplômes dont les contenus n'ont pas été actualisés depuis des années, estime Catherine Fabre, on attend les branches professionnelles sur ce sujet, et les opérateurs de compétences ont un rôle à jouer pour les aider ».
Quant à la mobilité internationale, « Jean Arthuis travaille à lever les freins juridiques aux mobilités longues des apprentis, cela devrait être résolu d'ici un an au plus », a ajouté la députée.
Financement
La question du financement était au coeur des débats: « Le financement de l'apprentissage ne peut plus reposer uniquement sur les entreprises, cela fonctionnait avec 300 000 apprentis, mais pas pour 1,5 million », notait Philippe Grassaud, président des entreprises éducatives pour l'emploi.
« Il faut arrêter de voir l'apprentissage uniquement comme un coût alors que c'est un investissement rentable pour les entreprises et les finances publiques », a souligné Yves Hinnekint, directeur général du groupe Talis.
Interpellée sur l'arrêt des aides financières aux entreprises, la députée a redit que « l'Etat ne peut pas continuer à subventionner l'apprentissage comme il l'a fait pendant la crise ».