L’Association pour l’accompagnement et le développement des compétences (AdevComp), qui tenait son université le 29 novembre 2023 à Paris en en ligne, organisait à cette occasion une table-ronde sur la reconnaissance.
A chaque secteur son approche de la reconnaissance
La reconnaissance, du travail ou d'une compétence, varie selon les secteurs et dépend de leurs besoins, ont souligné les participants à une table ronde organisée par l'Adevcomp. C'est aussi un élément constitutif de l'identité du secteur.
Par Emmanuel Franck - Le 04 décembre 2023.
L'Association pour l'accompagnement et le développement des compétences (Adevcomp), qui tenait son université le 29 novembre à Paris en en ligne, organisait à cette occasion une table-ronde sur la reconnaissance. Reconnaître le travail ou les compétences ? Reconnaître par le diplôme, selon d'autres modalités, par la rémunération ? L'Adevcomp interroge des « paritaires » sur ces sujets.
Dans la branche des particuliers employeurs et de l'emploi à domicile, la reconnaissance passe par les titres, en l'occurrence ceux de garde d'enfant, d'employé familial et d'assistant de vie dépendance.
Certification et construction du secteur des particuliers employeurs
« Ces salariés peu qualifiés ont besoin de reconnaissance sociale », explique Nadège Turco, directrice d'Iperia, l'institut en charge de la professionnalisation des salariés du secteur. Ces titres, reconnus par la convention collective, entraînent une « bonification des salaires », explique Nadège Turco. Jusqu'au milieu des années 1990, « former des nounous et des personnes qui balaient n'avait rien d'évident », rappelle-t-elle. L'idée répandue alors est que ces compétences sont naturelles. Aussi, « la certification fait partie de la construction du secteur », analyse la directrice. Elle explique que son secteur réfléchit à une plateforme qui servira à mettre en relation les employeurs et les salariés, mais aussi à « mettre en avant les compétences et les titres » de ces derniers, « peut-être par des badges ».
Promotion sans diplôme dans le commerce
Approche différente dans le commerce et la distribution. « Ce qui compte, c'est la mission » du salarié, explique Hélène Clédat, en charge de l'emploi et de la formation à la Fédération du commerce et de la distribution. Les diplômes des salariés et la convention collective sont découplés. « Nous sommes un secteur qui pratique la promotion interne indépendamment du diplôme », déclare Hélène Clédat. « Nous ne sommes pas mûrs pour les micro-certifications », explique-t-elle.
Compagnonnage chez les garagistes
Dans les services de l'automobile, « nous avons une culture du diplôme et du compagnonnage », explique Dominique Faivre Pierret, déléguée générale de l'Anfa, l'organisme chargé de la mise en œuvre la politique de formation de la branche. Elle rappelle que la partie patronale s'est engagée, dès les années 2000, dans la reconnaissance des compétences des salariés afin de répondre à un « besoin d'attractivité » des entreprises. Dans cette « logique sociale de la certification », la convention collective reconnaît les diplômes et les certificats de qualification professionnel. Elle estime que sa branche n'est pas prête pour les badges mais pense que l'action de formation en situation de travail (afest) est « pertinente », par exemple pour « faire basculer des mécaniciens formés il y a 30 ans dans le monde virtuel » des multiples capteurs électroniques qui équipent désormais les voitures.
La métallurgie et l'Etat
La métallurgie est quant à elle attachée à la reconnaissance de ses certifications par l'État. Gilles Saintemarie, chef du service certifications, titres et diplômes à l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), rappelle que la branche « a enregistré, en 1998, l'ensemble de son offre [de certification] au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) afin qu'elle soit reconnue par l'État ». La branche est un train de se doter d'une nouvelle classification, qui doit être mise en place à partir du 1er janvier 2024. Cette classification est un « référentiel national paritaire » qui vise à « clarifier la notion d'emploi », mais pas à reconnaître un emploi réel.