François André du cabinet Tenzing et Olivier Gérard, chef de projet Reva ont remis le 2ème rapport intermédiaire de l’expérimentation Reva à Carole Grandjean, ministre déléguée à l’Enseignement et à la Formation professionnels, le 14 juin 2023, dans les locaux de l’entreprise Vitalliance.
« Architectes accompagnateurs de parcours », clés de voûte de la VAE
Le rapport de l'expérimentation Reva 2 remis à la ministre déléguée à l'Enseignement et à la Formation professionnels, mercredi 14 juin, préconise de confier l'accompagnement des candidats à la VAE (validation des acquis de l'expérience) à différents profils d'acteurs. Le référencement de ces « architectes accompagnateurs de parcours » sur la future plateforme de la VAE pourrait être conditionné à l'obtention d'une certification Qualiopi renforcée. C'est une des recommandations du rapport.
Par Estelle Durand - Le 15 juin 2023.
Elles sont cinq à raconter leurs parcours professionnels et ce qui les a amenées à s'engager dans un parcours de validation des acquis de l'expérience (VAE). Venues d'horizons différents, elles ont pour point commun d'être salariées de l'entreprise de service à la personne Vitalliance et d'avoir bénéficié, comme 150 de leurs collègues, d'un accompagnement renforcé dans le cadre de l'expérimentation Reva 2. Deux d'entre-elles ont déjà décroché leur diplôme d'assistante de vie aux familles. L'une en quatre mois. L'autre en cinq mois. Des délais bien inférieurs à ceux observés actuellement dans les parcours de VAE classique : « 18 mois en moyenne pour un taux de réussite de 10 % », rappelle Carole Grandjean, ministre déléguée à l'Enseignement et à la Formation professionnels, venue les écouter.
Objectif : 100 000 VAE
Faciliter les démarches, diminuer la durée des parcours, réduire les taux d'abandon, augmenter les chances de réussite des candidats… : c'est tout l'enjeu de la réforme de la VAE inscrite dans la loi du 21 décembre 2022. Le rapport de l'expérimentation Reva 2 remis à Carole Grandjean, le 14 juin, lors de sa rencontre avec les salariées de Vitalliance, va contribuer à préciser les contours de cette VAE « nouvelle génération ». Pour passer de 100 000 parcours de VAE réussis chaque année à 30 000 aujourd'hui, une simplification et une modernisation du dispositif s'imposent. L'expérience des salariées de Vitalliance confirme la nécessité de déployer des outils modernes pour accélérer les démarches mais surtout de mobiliser des professionnels pour orienter et accompagner les candidats. A qui confier ce rôle clé ?
Le rôle clé des « architectes accompagnateurs »
C'est l'une des questions auxquelles répond l'expérimentation Reva 2. Pour sécuriser les candidats et éviter les ruptures de parcours, le rapport préconise de confier tout le processus – de l'orientation en amont de la démarche à l'accompagnement en passant par la construction du parcours -, à un intervenant unique : « l'architecte accompagnateur. » Dans le cadre de l'expérimentation, cette fonction a été assurée par des acteurs aux profils différents : des spécialistes de l'accompagnement, des certificateurs ou des acteurs conjuguant, grâce à leurs réseaux, les deux compétences. Partant du constat que chaque modèle a ses points forts et ses limites, et qu'il est essentiel de proposer une pluralité d'options aux candidats, le rapport suggère de faire cohabiter ces différents profils dans le déploiement de la VAE « nouvelle génération » et des identifier par leur savoir-faire : « spécialistes » parce que rattachés à un champ conventionnel, « de filière(s) » ou « généralistes ».
Des missions à définir plus précisément
Sur ce point comme pour d'autres concernant la réforme de la VAE, le mot d'ordre du ministère reste « agilité ». « Spécialistes d'un secteur d'activité connaissant bien les référentiels métiers » ou « généralistes de l'accompagnement », le profil des « architectes accompagnateurs » « reste ouvert », précise Carole Granjean. Ce qui définira leur fonction ce sont « leurs missions ». Un décret à venir les détaillera. Une chose est sûre, leur rôle sera crucial dans la réussite des candidats. « Aujourd'hui, la charge de la preuve des compétences acquises et les démarches administratives reposent sur les épaules des candidats », selon la ministre déléguée. Demain, c'est l'architecte accompagnateur, qui « aidera le candidat à identifier les expériences et compétences acquises permettant de viser telle ou telle certification de manière complète ou partielle.» Son rôle sera aussi de construire avec le candidat son parcours en mobilisant si besoin des formations complémentaires.
Vers une adaptation du référentiel Qualiopi ?
Reste la question de l'accès à cette fonction clé. Deux hypothèses sont posées dans le rapport Reva 2 : une sélection par appel d'offres sur le modèle du conseil en évolution professionnelle (CEP) des actifs occupés, ou un marché plus ouvert régulé à l'aide d'une certification Qualiopi renforcée pour les futurs « architectes-accompagnateurs ». C'est cette seconde option qui est privilégiée par les auteurs du rapport. Ce référentiel plus musclé conditionnerait l'accès des prestataires à la future plateforme de la VAE. En attendant qu'un tel cadre se mette en place, le rapport préconise d'ouvrir la plateforme aux acteurs déjà certifiés Qualiopi dans la catégorie VAE (2 750 aujourd'hui) qui en feraient la demande en leur soumettant un cahier des charges et en leur laissant deux ans pour décrocher un éventuel nouveau sésame.
Une plateforme évolutive
Les textes réglementaires qui préciseront les modalités retenues par le ministère sont attendus pour cet été. La plateforme qui concrétisera le nouveau service public de la VAE sera déployée progressivement sur base des outils développés dans le cadre de l'expérimentation Reva. Une première étape est prévue dès juillet avec une offre de 200 certifications professionnelles proposées par la voie de la VAE « nouvelle génération ». Elles concerneront les secteurs du sanitaire et social, du sport, de la grande distribution et de la métallurgie.
Deux expérimentations pour donner un nouvel élan à la VAEReva 1 : octobre 2021 à juin 2022, 300 bénéficiaires, 7 certifications visées Reva 2 : juin 2022 à juin 2023, 2 767 bénéficiaires, 19 certifications visées (sanitaire et social, petite enfance, économie sociale et solidaire) Le bilan de la 2ème phase d'expérimentation
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Pour aller plus loin : le rapport de l'expérimentation Reva 2, remis à Carole Grandjean le 14 juin