Auvergne : la réalité virtuelle au service de la formation des détenus
Soutenu par l'agence Erasmus+, le Greta du Velay en Auvergne a développé à l'attention de détenus des capsules vidéo pour permettre une immersion sur des chantiers sans sortir de la maison d'arrêt. Une première sensibilisation aux formations et aux métiers du bâtiment. Avec l'idée de déployer ce dispositif à d'autres secteurs professionnels et à d'autres publics.
Par Sophie Massieu - Le 20 avril 2023.
Ouvrir des perspectives aux détenus de la maison d'arrêt du Puy-en-Velay au moyen de la réalité virtuelle. C'est le sens de l'initiative du Greta du Velay en Auvergne, qui a développé des capsules vidéo sur six métiers du bâtiment : maçon, plombier, carreleur/parquettiste, électricien, pose de charpentes et plâtrier. Le projet s'appelle Virti. Il s'inscrit dans le cadre d'un programme européen et d'un financement par l'agence Erasmus+.
Conseillère en formation continue, Céline Gibert contextualise l'initiative, et rappelle que le Greta intervient dans cet établissement depuis une trentaine d'années. Désormais, il forme chaque année 16 détenus au CAP cuisine, et 14 aux métiers du bâtiment. Une proportion importante des personnes présentes, puisque la capacité de cette maison d'arrêt, indique-t-elle, est fixée à 32 personnes, l'effectif tournant en réalité plutôt autour de 50 incarcérations.
Mises en situations virtuelles
C'est pour répondre à la demande de la région Auvergne-Rhône-Alpes que Pierre L Carrolaggi, responsable des programmes européens, a entrepris, en 2020, de chercher des partenaires parmi les pays voisins, pour développer cet accès aux formations aux métiers des bâtiments, pour des personnes qu'il n'était pas possible dans l'immédiat de mettre en situation sur des chantiers. Il se rapproche notamment d'organismes de formation catalans et portugais.
Résultat ? Outre ces capsules vidéo pour l'heure centrées sur les métiers du bâtiment, le Greta du Velay en Auvergne déploie aussi Vision, inspiré par le Portugal. Un outil de réalité virtuelle là encore visant cette fois à renforcer, par son utilisation, la motivation intrinsèque des détenus à se lancer dans une formation. Sans quoi, décrypte Pierre L Carrolaggi, « les détenus ne se montrent pas toujours très partants pour suivre une formation, préférant par exemple des activités sportives. »
Enfin, un 3ème programme, sans réalité virtuelle celui-ci, baptisé Step2lab, entend former les intervenants en milieu carcéral pour leur permettre d'affiner leurs actions, et de se révéler pointus sur les enjeux de réinsertion.
Ouverture à d'autres publics
Même une fois les programmes européens parvenus à leur terme, les projets, eux, vont se poursuivre. Le Greta espère développer de nouvelles capsules, relatives à d'autres métiers. Mais aussi améliorer l'interactivité, au moyen par exemple de 3D dans les vidéos. Il envisage de traiter d'autres secteurs, comme les travaux publics. Et observe que ce programme européen a pu renforcer des partenariats locaux. De quoi laisser entrevoir des actions communes, avec des fédérations professionnelles par exemple.
Et ce d'autant plus que les dispositifs imaginés pour les personnes en détention peuvent se révéler utiles pour d'autres publics, à l'image de ceux des Écoles de la 2ème chance, des centres d'information et d'orientation, des établissements d'enseignement…