René Bagorski, directeur de la certification professionnelle chez France compétences, Valérie Hellouin, consultante ingénierie et politiques de formation à Centre Inffo, et Priscilla Neloppe, instructrice et coordinatrice du chantier des correspondances à la direction de la certification professionnelle chez France compétences.
Correspondances en certification professionnelle : « une opportunité »
Centre Inffo organisait le 19 octobre une Master Class sur l'identification des correspondances en certification professionnelle. L'occasion de préciser les attendus de France compétences et le calendrier de cette nouvelle obligation pour les organismes certificateurs.
Par Raphaëlle Pienne - Le 23 octobre 2023.
Aux côtés de Valérie Hellouin, consultante Ingénierie et politiques de formation du département Observatoire de Centre Inffo, cette Master Class accueillait en tant qu'intervenants René Bagorski, directeur de la Certification professionnelle chez France compétences et Priscilla Neloppe, instructrice et coordinatrice du chantier des correspondances à la direction de la Certification professionnelle chez France compétences. Un rendez-vous qui, pour ces deux derniers, a été l'occasion de poursuivre le travail de sensibilisation et de pédagogie autour d'un chantier complexe et délicat à mettre en œuvre.
Intervention de la commission de France compétences repoussée à 2024
L'annonce du lancement de ce chantier par France compétences en décembre 2022 a en effet suscité des craintes, dans le contexte d'un marché de la formation très concurrentiel. Face à cette situation décision a été prise de repousser à courant 2024, au lieu du second semestre 2023, le moment où la Commission de la certification professionnelle de France compétences commencerait à exercer son pouvoir de recommandation prévu à l'article L. 6113-7 du code du travail. « [L'annonce] a quand même pas mal agité les différents secteurs de la formation […]. Nous avons pris la décision de reporter cette date […] et de continuer à accompagner les certificateurs, les Opco, etc. sur la méthodologie », explique Priscilla Neloppe. Ce délai sera aussi l'occasion de capitaliser sur les enseignements acquis. « Nous sommes pour le moment dans une logique d'expérimentation. La commission prendra les choses en cours de route [fin 2023-début 2024]. On redéterminera un cadre qui sera beaucoup plus lisible pour l'ensemble des acteurs. [Avec] un objectif, sans doute premier semestre 2024, […] de faire remonter tout ce qui s'est fait […] et de voir ce qui potentiellement a du sens et là où il peut y avoir des freins », expose René Bagorski. Le jalon de la date du 31 décembre 2023 n'impliquerait en outre pas d'avoir terminé tout le travail d'identification des correspondances. « Nous sommes dans un calendrier ouvert. […] Ce que nous disons c'est qu'il faut commencer le travail », précise-t-il.
Des enjeux pour les individus, les entreprises, et les certificateurs eux-mêmes
Le directeur de la Certification professionnelle chez France compétences tient également à dissiper les malentendus. « L'objectif de ce travail n'est à aucun moment d'aller vers une standardisation de l'offre de formation et de réduire le nombre de certifications. Nous ne sommes pas dans ce cadre [mais] dans un cadre qui doit permettre une bonne lisibilité pour les bénéficiaires des certifications et pour les marchés et les différents secteurs économiques de la valeur d'usage […] de la certification », insiste René Bagorski. Se disant bien conscient des enjeux de concurrence, il incite également les organismes certificateurs à considérer ce travail au-delà de la seule obligation. « Pour moi c'est une opportunité et non pas une charge. Je suis clairement persuadé que ce travail permet de prendre conscience de l'offre dont dispose un certificateur [et comment il peut avoir] une stratégie d'offre peut être différente de celle qui existe aujourd'hui », explique-t-il. Les potentialités de ce travail de correspondance entre certifications ont pu être illustrées durant la Master Class par les témoignages de représentants de l'Anfa, de l'Uimm et d'Iperia.
Des correspondances qui n'impliquent pas de réciprocité
Le travail d'identification des correspondances peut en effet s'effectuer entre les certifications d'un même certificateur, afin d'identifier des correspondances partielles, a rappelé Valérie Hellouin à l'occasion d'un point d'ingénierie. « On peut démarrer le travail par-là, et ensuite on ira voir ce qui se passe du côté des certificateurs différents », explique-t-elle. Point de vigilance : ces correspondances partielles ne peuvent se faire qu'au niveau des blocs de compétences dans leur totalité ou le cas échéant d'une certification du répertoire spécifique (RS) dans sa totalité. « On ne va pas chercher les correspondances à l'intérieur des blocs eux-mêmes », insiste René Bagorski. En outre, ce travail de correspondances entre certifications, que ces correspondances soient totales ou partielles, « [n'implique] pas de logique de réciprocité », rappelle Valérie Hellouin. Pas question donc de réclamer un mécanisme d'équivalence à un autre certificateur ou de faire de cette correspondance un argument commercial. Pour explorer les certifications existantes, les certificateurs peuvent s'appuyer sur le moteur de recherche de France compétences ou la base de données Data Gouv. « On n'a pas aujourd'hui la possibilité de faire une recherche par blocs de compétences. [Mais] c'est une évolution qui est prévue, qui arrivera dans les prochaines semaines ou mois », indique Priscilla Neloppe.