Caroline Rouillé, référente ingénierie pédagogique à la fédération nationale des CIBC et coordinatrice du projet de bilan de compétences 100 % à distance. Et Sophie Clamens, déléguée générale de la fédération nationale des CIBC.
La fédération des CIBC lance un bilan de compétences 100 % à distance
La fédération nationale des centres interinstitutionnels de bilans de compétences (CIBC) a travaillé durant deux ans pour proposer un bilan de compétences entièrement à distance. Une modalité qui transforme la manière d'accompagner de ses consultants.
Par Raphaëlle Pienne - Le 12 avril 2023.
Depuis fin mars, l'offre des CIBC s'est étoffé d'un nouveau service de « bilan de compétences 100 % à distance ». Une proposition née de la crise du Covid, qui a joué un rôle d'accélérateur sur cette modalité que le réseau n'avait auparavant que commencé à explorer. « Le travail à distance, ce n'est pas seulement faire ce qu'ont fait déjà à distance. [Aussi], nous avons voulu prendre le temps pour comprendre en quoi la démarche, la façon de faire et les outils étaient différents. Nous avons mis deux ans […], car nous voulions construire une offre nationale capable d'être personnalisée entièrement en fonction des personnes », explique Sophie Clamens, déléguée générale de la fédération nationale des CIBC.
Questionnement des usages
Pour construire ce nouveau bilan de compétences en distanciel la fédération s'est appuyée sur le « labo CIBC », son laboratoire interne de recherche et développement en innovation pédagogique. Un groupe de travail a été constitué, afin de dessiner les contours de ce que serait ce nouveau service. « Nous avons mené une enquête auprès d'une centaine de personnes ayant fait déjà fait un bilan de compétences, pour mesurer ce que seraient les attendus des personnes en termes d'organisation et de planification de la démarche. […] Nous avons aussi questionné les usages nouveaux émergents de notre part et de la part des publics », expose Caroline Rouillé, référente ingénierie pédagogique à la fédération nationale des CIBC et coordinatrice du projet de bilan de compétences 100 % à distance.
Multimodalité
Le nouveau service distanciel né de ces travaux a dans sa forme beaucoup d'un bilan de compétences « classique » : une durée de 24 heures sur trois mois maximum, réparties en trois phases débouchant sur un plan d'action personnalisé, complétées d'un entretien de suivi à 6 mois. « Mais les rythmes ne seront pas les mêmes qu'en présentiel, où on peut avoir 2 à 3 heures d'échange. Là on sera sur un planning [plus court]. On s'adapte aussi complétement à la disponibilité de la personne », présente Sophie Clamens. Caroline Rouillé met également en avant « des interactions plus fréquentes et multimodales ». Par ailleurs, les personnes ont accès pendant leur bilan et durant l'année qui suit à la plateforme de ressources pédagogiques en ligne du CIBC MooveBox. Si cette plateforme est également proposée aux bénéficiaires des autres services des CIBC, « elle a plus que sa place dans l'approche 100 % à distance, car on est dans le développement d'un accompagnement qui va évoluer vers un peu plus d'inversion pédagogique. […] Ce sont des ressources qui vont venir nourrir la réflexion de la personne pour l'amener vers de l'autonomie », souligne cette dernière.
Changement de posture
Avec ce bilan de compétences entièrement à distance les CIBC souhaitent en effet renforcer, davantage encore qu'en présentiel, les compétences des personnes à s'orienter. « Le consultant change un peu de posture, il est moins celui qui entraîne vers une décision finale et plus celui qui va pousser, entraîner la réflexion et la nourrir », explique Caroline Rouillé. Cette évolution est une réponse aux besoins identifiés lors de l'enquête sur le futur service. « Il y avait vraiment des réactions d'usages qui nous ont surpris. Certaines personnes disaient avoir besoin de voir leur conseiller très souvent, d'autres seulement si besoin… [En réponse], nous avons accentué le fait de souhaiter rendre la personne encore plus active et exploiter au maximum le consultant en appui à sa réflexion », ajoute-t-elle.
Communauté de pratiques
Les consultants intervenant sur le bilan de compétences 100 % à distance ont au préalable été formés aux outils multimodaux utilisés pour le bilan, mais aussi à cette nouvelle approche. « Cette formation a permis aux conseillers d'avoir un même socle de compétences sur l'utilisation des outils. [Mais au-delà], nous avons créé une communauté de pratiques », ajoute Sophie Clamens. Les conseillers du bilan de compétences à distance forment ainsi aujourd'hui un réseau qui s'entraide : des spécialistes de certaines thématiques (secteurs d'activité, types de publics…) ont été identifiés parmi ses membres, sur lesquels peuvent s'appuyer le bénéficiaire et les autres conseillers. En outre, « cette communauté aujourd'hui innove, expérimente, teste des produits. […] Nous sommes en train de renforcer nos usages dans cet accompagnement en distanciel. Ce n'est pas chaque CIBC qui innove dans son coin », souligne également Caroline Rouillé.