La formation immersive ne se fera pas sans « formateurs augmentés »
Réunis début juillet à Angoulême, plusieurs acteurs de la filière relative à la formation immersive estiment qu'il convient de mieux préparer les enseignants à cet outil d'avenir.
Par Benoît Caurette - Le 06 juillet 2023.
La formation immersive séduit de plus en plus d'entreprises et d'organismes de formation. Dopée par les dernières prouesses de l'intelligence artificielle, elle appelle toutefois une meilleure prise en compte des formateurs. Tel est le constat dressé mardi 4 juillet à Angoulême par les différents acteurs réunis pour les deuxièmes « rencontres des technologies et formations immersives » organisées par la pépinière Eurekatech.
« On se concentre beaucoup sur les avantages pour l'apprenant, mais il ne faut pas oublier que le formateur reste l'acteur principal sur la scène, insiste David Roblin, ingénieur pédagogique et consultant. L'immersif, ce n'est pas que du casque, de très belles choses avec des tablettes et des smartphones pour répéter des gestes professionnels et acquérir des compétences. Sans une orientation humaine, cet outil n'a pas de sens. » Seule prévaut l'action en groupe, correctement encadrée. « A peine 5% de la population est capable d'autodidactie », appuie Yannig Raffenel, président d'EdTech France.
Tout l'enjeu est donc d'accompagner les formateurs vers de nouvelles pratiques, complémentaires de l'existant. « On n'est plus au temps où l'on pouvait se contenter de transmettre des savoirs depuis un diaporama, poursuit le président d'EdTech, on en est maintenant à accompagner le transfert de compétences. Et l'on apprend désormais en faisant, non plus en écoutant exclusivement. »
Vers une normalisation du formateur immersif
« Beaucoup de formateurs craignent donc pour leur avenir dans les deux ans, je leur réponds de se calmer, poursuit David Roblin. Une vraie réflexion commence à être engagée pour accompagner ce qui peut être considéré comme un nouveau métier. » Le formateur immersif, « formateur augmenté » sourit Marc Parenthoen, enseignant chercheur à l'université de Poitiers, commence à faire l'objet d'une réflexion au sein du ministère du Travail, mais également de l'Organisation Internationale du Travail. Cette dernière surtout « a récemment fait un premier pas en faveur de la normalisation du formateur immersif, précise David Roblin, laquelle garantira sa maitrise professionnelle totale des nouvelles techniques de formation. Des ingénieurs, chefs de projets pédagogiques y travaillent. »
Au sein de l'Education nationale, on tient aussi à « veiller à l'acceptation de l'enseignant » assure Régis Bichard, directeur opérationnel du campus du Numérique pour la formation professionnelle en Nouvelle Aquitaine. « Dans l'académie de Poitiers, nous ouvrons l'an prochain 150 places de formation pour faire découvrir les univers immersifs. »
Performance du formateur
A terme, le « learning analytic », retour d'expérience automatisé mesurant déjà la performance des apprenants à l'issue des sessions de formation immersive pourrait aussi servir à évaluer la pertinence du contenu et, par ricochet, la performance du formateur. Un « plus » pédagogique qui soulève déjà quelques « freins : pour le pratiquer déjà un peu, on voit bien que les profs n'aiment pas être fliqués » observe Philippe Boussarie, chef de projet R et D « simulateurs » chez Naval Group.