La validation des compétences transversales en quête d'un référentiel unique

Comment valider des compétences transversales pour prouver aux employeurs, dans le cadre d'une recherche d'emploi, que le candidat sait faire preuve de curiosité, a une bonne qualité d'écoute et de dialogue ou la capacité de faire face aux évolutions technologiques de plus en plus rapides ? C'est à cette question qu'a décidé de s'atteler une équipe de chercheurs en éducation rejoints par un ensemble de parties prenantes (enseignants, formateurs, experts en politique éducative, entreprises…) avec le lancement du programme Transval. Un exercice qui est loin d'être théorique, comme le montre une vaste enquête réalisée par le Cedefop (Centre européen pour le développement de la formation professionnelle)  : après avoir épluché plus 100 millions d'offre d'emplois en ligne, l'organisation a élaboré un inventaire des compétences demandées.

Capacité à gérer les incertitudes

Arrivent en tête l'adaptation repérée dans 49,9 % des annonces, la capacité à gérer les incertitudes dans 16,7 % des cas, suivies par l'autonomie (13,9 %), la communication (13,5 %) et la gestion de la qualité (8,4 %). Plusieurs études conduites directement auprès des employeurs pointent elles aussi l'importance croissante de ces compétences transversales. "Le problème, c'est qu'elles ne sont pas repérables dans un CV", souligne Michele Tuccio, économiste à la direction de l'emploi, du travail et des affaires sociales de l'OCDE. Et pour cause : elles ne font encore partie des référentiels des formations professionnelles ou académiques.

Une multitude de réponses

Si cette difficulté a déjà été identifiée dans nombre de pays européens, les expérimentations ont abouti à un ensemble de pratiques disparates, recensées dans le premier rapport issu du projet Transval qui en décembre 2011 dressait un état des lieux. Celui-ci estimait d'ailleurs qu'entre les pratiques développées par les pays scandinaves, en pointe sur le sujet, les pays qui tels l'Allemagne ou l'Autriche qui misent sur l'apprentissage ou la France, bien avancée sur ce sujet avec les démarches de validation des acquis de l'expérience, il y avait déjà matière à réflexion. Et à approfondissement… C'est pourquoi, des pays impliqués dans le projet ont décidé de réaliser des tests auprès des jeunes et des adultes pour essayer de définir un cadre qui recenserait d'une manière précise et documentée les dispositifs les plus appropriés. Avec en ligne de mire, la possibilité de définir des "standards" pouvant servir de lignes directrices pour tous les pays intéressés.

Obligation de s'intéresser à l'individu

Un premier bilan de ces expérimentations a été dressé lors d'une conférence qui s'est tenue à Paris les 18 et 19 avril. Plusieurs éléments ont ainsi été mis en avant : la validation des compétences transversales oblige à s'intéresser à l'individu car il n'y a pas une solution qui fonctionne dans tous les cas. Il y a les différences culturelles mais aussi la difficulté dans certains cas des individus, selon leur degré de maturité, d'appréhender même la question. "Il faut aussi que les employeurs adhèrent à la démarche. Or souvent, ils ont encore besoin d'être rassurés", a mis en avant Christine Huynh, responsable des programmes centrés sur l'inclusion à Simplon qui cite l'exemple du travail fait avec les migrants. De quoi confirmer l'intérêt de construire cette validation au plus proche du terrain avec tous les acteurs, en proposant un catalogue de méthodes disponibles en ligne, comme l'a déjà fait la Pologne. C'est d'ailleurs une des recommandations qui devrait être transmises à la Commission européenne à la fin du programme…