Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels, devant l’Université d’hiver de la formation professionnelle, le 25 janvier 2023.
UHFP 2023
Le gouvernement entend « simplifier » les dispositifs de transition
La ministre de l'Enseignement et de la Formation professionnels Carole Grandjean a notamment annoncé une « simplification » des dispositifs de transition, en ouverture de la 18ème Université d'hiver de la formation professionnelle, mercredi 25 janvier à Cannes.
Par David Garcia - Le 26 janvier 2023.
« Pro-A » (reconversion ou promotion par alternance), « Transco » (transition collective), « projet de transition professionnelle » (PTP), adossé au compte personnel de formation : Carole Grandjean veut s'attaquer au mille-feuilles des dispositifs de transition. « Nous allons simplifier les dispositifs de transition, qui sont très nombreux. Les entreprises et les actifs ne s'y retrouvent pas. Ces dispositifs ne concernent que 0,3% des parcours, soit 60 000 actifs. Il y a de quoi s'interroger, quand on sait que nous serons amenés à changer d'emploi plusieurs fois au cours de sa carrière et qu'un actif sur trois a connu une transition professionnelle dans sa carrière [selon l'enquête de l'Observatoire des trajectoires professionnelles, 2018] », a affirmé la ministre de l'Enseignement et de la Formation professionnels.
Simplifier voire supprimer certains dispositifs
Une « grande partie » des salariés n'ayant pas accès à ces dispositifs, « il est de notre devoir de mieux accompagner les salariés confrontés aux conséquences parfois brutales des mutations économiques. Je pense par exemple aux mutations de la filière automobile et des services à l'auto qui doivent nous conduire à mieux anticiper et accompagner les salariés et entreprises concernées vers des reconversions car tous ne resteront pas dans ces secteurs d'activité », souligne la ministre. « Nous devons clarifier, simplifier, voire supprimer certains dispositifs », complète-t-elle.
Revisiter le contrat de professionnalisation
Dans cette perspective, Carole Grandjean « compte revisiter le contrat de professionnalisation, repositionné en tant qu'outil d'accompagnement, une fois débarrassé de ses contraintes ». Pour autant, la ministre se dit « opposée » à la fusion des contrats d'apprentissage et de professionnalisation. Il s'agit de « faire en sorte que chaque personne puisse mobiliser un dispositif clair quand elle s'engage dans un processus de professionnalisation. » La ministre a témoigné de sa volonté de « travailler ensemble avec les partenaires sociaux et les acteurs de la formation, dans les semaines qui viennent. »
Révision des coûts-contrats d'apprentissage en juillet
Carole Grandjean a aussi annoncé une nouvelle révision des coûts-contrats d'apprentissage. Initialement prévue pour avril, elle a été repoussée à juillet 2023. « Cela nécessite un travail méticuleux, que France compétences et mon cabinet réalisent dans la concertation avec les partenaires sociaux et les réseaux de CFA. Nous avons décidé de prendre quelques mois supplémentaires pour mener ce travail », a détaillé la ministre.
Révision de diplômes
Elle a salué les « efforts en matière de révision des diplômes »: « De nombreuses formations ont été renouvelées et sont désormais proposées dans les lycées professionnels, comme les bac et BTS cyber-sécurité et de production en bio-industries. Et dans le cadre de France 2030, le CAP « grand âge », avec mention complémentaire « aide à domicile ».
Alignement des CPC sur les standards de France compétences
Pour la ministre, « nous n'aurons des formations de qualité que si les objectifs sont définis d'une manière suffisamment précise ». De ce fait, il est selon elle « indispensable d'amener plus systématiquement les ministères certificateurs et les 11 commissions professionnelles consultatives (CPC) à s'aligner sur les standards exigeants de France compétences. »
C'est pourquoi Carole Grandjean a mandaté France compétences « pour faire le point sur la diversité des pratiques et sur l'expérience accumulée en quelques années » : « D'ici à l'été, cette mission devra nous faire des propositions sur les évolutions à apporter pour que notre système gagne encore en pertinence et en efficacité. Je pense notamment à un fonctionnement harmonisé des commissions professionnelles consultatives. »
Mission interministérielle visant à accélérer la révision des titres et diplômes
Parallèlement, Carole Grandjean a décidé « l'installation à l'Afpa (Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes) d'une mission interministérielle qui proposera ses services pour accélérer la révision des titres et des diplômes et en améliorer la qualité. »
Observatoire de l'illettrisme
Enfin, la ministre promet de s'attaquer concrètement au fléau de l'illettrisme, qui touche 2,5 millions d'adultes en France, dont la moitié exerce une activité professionnelle. « Afin de faire du droit constitutionnel à l'instruction une réalité pour tous, l'État doit se donner l'ambition d'offrir à chacun, et quel que soit son statut, à toute étape de sa vie, l'accès gratuit aux compétences de base, pour rendre universel le droit de savoir lire, écrire et compter. Pour y parvenir, nous rendrons plus systématique la détection de l'illettrisme, y compris en entreprise, par l'utilisation des outils dédiés désormais gérés par l'ANLCI (Agence nationale de lutte contre l'illettrisme) », a-t-elle assuré. Tout en s'engageant à « construire avec l'ANLCI un véritable observatoire de l'illettrisme. »
Pour aller plus loin, retrouvez le texte intégral de notre entretien exclusif avec Carole Grandjean dans Inffo formation.