Le groupe Omnes Education, la fièvre acheteuse

Le mouvement de consolidation s'accélère dans le secteur de l'éducation tiré par l'activisme de l'enseignement supérieur privé. Derrière le leader incontesté Galileo Global Education, les challengers ne restent pas les bras croisés. Certains engagent des stratégies de croissance à grande échelle. C'est le cas d'Omnes Education (ex-Inseec U). Détenu depuis 2019 par le fonds d'investissement Cinven, le groupe a réorganisé ses écoles sous une même marque, opère des acquisitions, retravaille son offre et se dote de nouveaux campus en France et à l'international. En moins de deux ans, Omnes Education a ainsi renforcé ses positions dans l'hexagone et en Europe et conforte sa place de numéro 2. Cette offensive répond à une évolution structurelle du marché. « Ces dernières années, on observe la constitution de grands groupes de l'enseignement supérieur. En rassemblant nos écoles sous une « marque ombrelle », nous tournons une page de l'histoire d'Inseec et lançons un plan stratégique ambitieux », confirme Baudouin de la Morinière, son directeur de la stratégie et des fusions-acquisitions. Le modèle économique repose sur la constitution d'une offre complète et transdisciplinaire, une présence à l'international et la création de campus dans les centres-villes.

Elargir son offre et miser sur sa complémentarité

En 2022, deux écoles européennes, EU business school et CEI, rejoignent le giron d'Omnes Education lui assurant une implantation à Bruxelles, Munich, Genève, Barcelone ou encore Madrid. En France, la récente acquisition de la start-up DataScientest spécialisée dans les métiers de la gestion de données, permet au groupe de se positionner sur des compétences pointues très recherchées sur le marché du travail. De nouveaux campus ont vu le jour à Paris dans le quartier de la Défense, à Lyon, Bordeaux ou encore Rennes. D'autres sont prévus à Marseille et à Toulouse. Le groupe investit également dans une activité devenue, depuis la réforme de 2018, très prometteuse. La libéralisation de l'apprentissage a ouvert de nouvelles opportunités et joue un rôle important dans la croissance du secteur. En 2022, l'enseignement supérieur cumule 63 % des contrats d'apprentissage. Omnes Education vient de se doter d'une nouvelle école Sup'Paris entièrement en alternance sur des parcours bac +2 et bac +3 en business management. « Le développement de l'alternance dans notre offre implique un renforcement de nos liens avec les entreprises et c'est une bonne chose pour l'ensemble de nos étudiants », déclare Baudouin de la Morinière.

Investir dans l'innovation pédagogique et la transformation digitale

En s'appuyant sur cette offre complémentaire, Omnes Education organise les synergies, mutualise les services aux étudiants, déploie des innovations dans la construction de parcours hybrides et transdisciplinaires. « Le monde de l'éducation est en pleine transformation. Nous avons besoin de gagner en agilité dans la construction de nos parcours, créer de la transversalité et des formats d'apprentissage innovants. Cela exige de lourds investissements dans notre ingénierie pédagogique, nos systèmes d'information et la digitalisation de nos processus », précise Baudouin de la Morinière. On le comprend, cette stratégie de conquête nécessite d'avoir les reins solides. D'ici 2025, plus de 100 millions d'euros seront mobilisés. La feuille de route du groupe se déroule autour d'une croissance soutenue (+50 % entre 2020 et 2023). A un moment où les acteurs de l'enseignement supérieur se restructurent, les efforts ne doivent pas être relâchés. « Nous restons ouverts aux opportunités et continuons à étudier des dossiers en lien avec notre stratégie. Nous sommes soutenus par nos investisseurs qui conservent un réel intérêt pour le secteur », confirme Baudouin de la Morinière. La croissance observée ces trois dernières années sur le marché de la formation a impulsé une dynamique dans l'enseignement supérieur privé. Toutefois, les exigences en matière de qualité de l'apprentissage et de certifications professionnelles devraient encore se renforcer. Une évolution qui pourrait mettre sous pression les écoles.