Microcrédits, conférence Cedefop, le 22 juin 2023.


Année européenne des compétences

Les microcertifications, une innovation au service de l'apprentissage

Comment les microcertifications sont-elles utilisées ailleurs dans le monde ? Deux exemples d'utilisation ont été détaillés lors de la conférence du Cedefop (Centre européen pour le développement de la formation professionnelle) sur les microcertifications organisée vendredi 23 juin.

Par - Le 27 juin 2023.

« L'avenir, c'est que toute l'éducation soit accessible en ligne, pour tout le monde et à tout moment », affirme Mike Feerick, pdg d'Alison, une plate-forme irlandaise de formation en ligne gratuite, qui revendique 35 millions d'utilisateurs à travers le monde. Il promeut une éducation hors des systèmes étatiques, « grâce au coût quasiment inexistant du contenu numérique ». Pour assurer sa rentabilité, le business modèle d'Alison repose sur les publicités, et sur le fait que les apprenants peuvent acheter un certificat assurant de leurs compétences une fois la formation achevée et l'évaluation réussie.

Majorité des utilisateurs en emploi

Pour Mike Feerick, ces formations, qui reposent sur les microcertifications, « permettent de montrer ce que l'on sait aujourd'hui, pas ce qu'on a appris il y a des dizaines d'années » et rendent donc les compétences « utiles immédiatement dans le monde du travail ». Les cursus proposés par Alison sont des modules de quelques heures. La majorité de ses utilisateurs sont en emploi, et ont comme motivation d'évoluer professionnellement.

Lenteur du système classique de formation

Comme l'affirme son pdg, Alison n'est pas à proprement dit un organisme de formation mais bien une entreprise pour qui l'éducation est le produit, qui comporte plus d'ingénieurs que d'éducateurs. Ses 200 salariés sont essentiellement recrutés hors d'Europe. « Aujourd'hui, il faut faire de la formation tellement spécialisée, penser de nouveaux contenus tellement rapidement que le système classique de formation est trop lent », juge Mike Feerick, pour qui les microcertifications « sont vues comme une menace » par les acteurs du monde de l'éducation. Face à ces changements, « l'innovation est indispensable » et selon lui « il faut investir moins dans l'éducation, mais mieux » en s'appuyant davantage sur les nouvelles technologies. « La réputation des grandes universités comme Harvard va avoir de moins en moins d'importance. Car le diplôme comptera moins que les compétences pour les recruteurs. »

Expérimentations en Asie

Expert sur l'innovation dans le domaine éducatif et le développement des compétences au bureau Asie Pacifique de l'Unesco, Wesley Teter considère que « l'ambition que nous portons en termes de compétence ne peut pas être atteinte si nous nous reposons exclusivement sur le système éducatif ». En Asie, plusieurs pays expérimentent les microcertifications et parmi eux, la Malaisie est très avancée. Wesley Teter explique que créer des microcertifications nécessite un travail collaboratif entre les différents acteurs « car l'idée n'est pas de remodeler ce qu'on faisait avant mais de penser au contexte spécifique local ». En Indonésie, le Cyber Education Institute propose des cursus en ligne pour former des développeurs, fondés uniquement sur les microcertifications. La question en suspens reste de celle « de la façon dont celle-ci sont reconnues par le système éducatif et le monde du travail ».