Les personnes handicapées sous-utilisent encore largement le CPF
Avec 58 732 dossiers validés en 2022, un chiffre exclusif que s'est procuré le Quotidien de la formation, le nombre de CPF activés par les personnes handicapées reste faible. De plus, contrairement à la population générale, il concerne surtout celles qui disposent d'un niveau de qualification IV, V et VI. Les secteurs de formation retenus, eux, s'avèrent proches.
Par Sophie Massieu - Le 15 mars 2023.
3,15 %. C'est la part des usagers du CPF porteurs de handicap. En 2022, la Caisse des dépôts établit en effet le nombre de dossiers validés à 58 732. En 2021, l'Agefiph en annonçait 74 136. Les personnes handicapées activent donc moins leur CPF que la population générale.
L'informatique en tête des demandes
En revanche, elles voient le coût moyen de formation financé supérieur à celui de la population générale : 1 533 €, contre 1 358 €, en 2021.
Comme la population générale, en 2021, avec 22 % des cursus suivis, les formations les plus demandées regardaient l'informatique, le traitement de l'information et la transmission de données. Les transports, la manutention et le magasinage occupaient la 2e marche du podium (19 %), ex aequo avec les langues et civilisations étrangères ou régionales.
Un miroir inversé du reste de la population active
Pour le reste, les caractéristiques des personnes formées sont le miroir inversé de celles de la population générale. En matière de qualification d'abord. Plus de 7 sur 10 (74,5 % ont un niveau IV, V ou VI et 12,7 % de I à III. Mais aussi quant à l'âge : plus d'un sur deux (58 %) a 46 ans ou plus (contre 31 % pour le tout public). Le taux des 16-25 ans s'établit à seulement 4 %.
Stimuler l'utilisation du CPF auprès des personnes handicapées pourrait s'avérer nécessaire, particulièrement dans le cadre de l'objectif poursuivi par l'exécutif du plein-emploi à l'horizon 2027, soit un taux de chômage ramené à 5 %. Car actuellement, la durée d'inscription des demandeurs d'emploi porteurs de handicap s'allonge. En 2022, la durée moyenne s'envolait à 910 jours, contre, par exemple, 832 en 2018. En toute logique, leur taux d'activité est largement inférieur à celui de la population générale, 36 % en 2020, contre 65 %.
Un message reçu par les pouvoirs publics ? En tout cas, le plan de transformation des Esat, lancé en 2021 et dont les décrets d'application ont été attendus par les acteurs pendant plus d'un an, par exemple, prévoit bien que chaque travailleur de ces structures dispose d'un CPF et insiste sur l'importance de former les publics.