Devant des représentants d’entreprises, le 18 octobre 2023, Carole Grandjean, ministre déléguée en charge de l’Enseignement et de la Formation professionnelle a détaillé les atouts des formations complémentaires au bac professionnel.
Lycées professionnels : les entreprises appelées à s'engager
Dans le cadre de la réforme du lycée professionnel, les entreprises sont invitées à se mobiliser pour faire évoluer l'offre de formation. Les mentions complémentaires et autres formules permettant aux bacheliers de décrocher une spécialisation en un an vont se développer à l'avenir.
Par Estelle Durand - Le 20 octobre 2023.
Les entreprises ont tout intérêt à s'engager dans la transformation de la voie professionnelle. « Jouons collectifs ». C'est le message adressé aux employeurs par Carole Grandjean, la ministre déléguée à l'Enseignement et à la Formation professionnels, mercredi 18 octobre, lors d'un événement consacré à la réforme du lycée professionnel. Contribuer à l'évolution des formations, accueillir des lycéens en stage, s'engager dans des actions de découvertes des métiers, mobiliser des salariés pour parrainer des jeunes, intervenir en tant que professeurs associés ou participer à la formation continue des enseignants… : un guide diffusé lors de cet événement détaille huit axes de coopérations possibles entre les entreprises et le monde éducatif.
Se spécialiser : un tremplin vers l'emploi
Un des leviers actionnés dans le cadre de la réforme consiste à faire évoluer l'offre de formation afin de l'adapter aux besoins en compétences et faciliter ainsi l'insertion professionnelle des jeunes. Sur ce plan, le ministère mise sur le développement de formations complémentaires permettant aux bacheliers de décrocher une spécialisation en un an. Une formule qui favorise la réussite selon une étude du Cereq. Les jeunes qui ont complété leur bac pro par un autre diplôme professionnel – mention complémentaire, CAP, brevet professionnel, etc. – s'insèrent plus facilement dans le monde du travail : 77% ont un parcours dominé par l'emploi contre 55 % pour ceux qui débutent avec le bac pro en poche. Les bénéfices des formations complémentaires s'observent aussi en termes de qualité de l'emploi : 61 % sont employés ou ouvriers qualifiés (40 % pour les bacheliers) et leur salaire mensuel est de 1 500 euros nets en moyenne contre 1 370 euros pour les bacheliers.
Les mentions complémentaires : une formule à développer
Les mentions complémentaires constituent une des voies de spécialisation après un bac pro. [ 1 ]D'autres mentions complémentaires (de niveau 3) se préparent après un CAP. Il en existe une trentaine aujourd'hui dans des domaines tels que l'aéronautique, l'énergie, l'industrie ou encore la vente. Sur le terrain, elles sont peu prisées, déplore Carole Grandjean. « Seulement 4 000 élèves sont concernés pour 160 000 inscrits en terminale. » Un des objectifs de la réforme est de promouvoir ces « bac +1 » en les renommant « certificats de spécialisation », - une appellation qui correspond mieux à leur finalité -, et en les développant « massivement » avec l'appui des entreprises.
Des spécialisations élaborées avec les entreprises
Sur le terrain, ces synergies s'opèrent au sein des Commissions professionnelles consultatives (CPC) chargées de la création, de la révision et de la suppression des diplômes. Lorsque les représentants de l'État et des partenaires sociaux qui y siègent valident de nouveaux besoins, des groupes de travail associant des acteurs de terrain sont mis en place pour construire les référentiels des nouveaux diplômes. C'est dans ce cadre que de nouvelles mentions complémentaires voient le jour. La fédération des professionnels de l'électricité et de l'électronique et le groupe IBM se sont par exemple impliqués dans la rénovation des bacs pro et des BTS « cybersécurité, informatique et réseaux, électroniques » (anciennement « systèmes numériques »). Ce travail collectif a abouti à la création de deux mentions complémentaires l'une en « cybersécurité » pour répondre à des besoins en compétences intermédiaires dans un domaine qui évolue sans cesse, l'autre en « production et réparation de produits électroniques » pour faire face aux nouvelles exigences en matière d'économie circulaire.
Le CQP, une alternative qui va s'ouvrir à l'apprentissage
Les mentions complémentaires qui font la part belle à la formation en milieu professionnel ne sont qu'une des possibilités offertes aux bacheliers pour affûter leurs compétences et sécuriser leur entrée dans la vie active. D'autres formules « post bac pro » peuvent être envisagées comme l'évoque Carole Grandjean : « Pourquoi pas des titres professionnels du ministère du Travail, qui se préparent par l'apprentissage ? Ou des certificats de qualification professionnelle proposés par des branches dont je souhaite, lors d'une prochaine loi, qu'ils puissent être préparés par la voie de l'apprentissage. »
Nouer des alliances dans la durée
La palette des solutions et des formations permettant aux bacheliers de se spécialiser va s'étoffer. Le ministère attend désormais des entreprises qu'elles se mobilisent, expriment leurs besoins en compétences et fassent des propositions d'évolution des formations. Pour ce faire, elles peuvent contacter les bureaux des entreprises installés depuis la rentrée dans tous les lycées professionnels ou se tourner vers les directions régionales académiques à la formation professionnelle initiale, continue et l'apprentissage (Drafpica). Encourager les synergies entre le monde éducatif et les entreprises et entretenir ces relations dans la durée, c'est l'un des enjeux de la réforme. Une fois que l'offre de formation aura évolué, il faudra la faire connaître, former les enseignants et adapter les plateaux techniques… Autant d'occasions pour les entreprises de faire preuve de leur engagement.
Notes
1. | ↑ | D'autres mentions complémentaires (de niveau 3) se préparent après un CAP |