Fabrice Nicoud, président de la fédération de la métallurgie CFE-CGC.
Métallurgie: le financement conventionnel au service du CPF?
Président de la fédération de la métallurgie CFE-CGC, Fabrice Nicoud souhaite que la branche saisisse l'occasion de la renégociation de l'accord de branche formation pour envisager un financement conventionnel permettant la co-construction autour du compte personnel de formation.
Par Laurent Gérard - Le 11 octobre 2023.
« La renégociation de l'accord de branche formation, conclu en 2019, a été repoussée d'un an, et débutera au second trimestre 2024 pour aboutir en fin d'année. L'accord de 2019 n'envisage pas la co-construction autour du compte personnel de formation, c'est un regret », a assuré Fabrice Nicoud, président de la fédération de la métallurgie CFE-CGC, le 5 septembre, lors d'une conférence de presse sur la rénovation de la convention collective de branche.
GEPP anticipatrice
« La liberté totale de consommer son CPF n'est-elle pas une idée trop généreuse ? Le CPF ne doit-il pas participer à répondre à des besoins réels et partagés entre le salarié et son employeur ? », interroge le président. Selon lui, il faut inciter à la co-construction du CPF, et pour l'inciter la métallurgie doit se poser toutes les questions, y compris celle d'un financement conventionnel le permettant. « La réflexion mérite d'être posée, la co-construction repose la question du rôle des CEP, et nécessite des accords GPEC ou GEPP davantage constructifs et anticipateurs, plutôt que défensifs, présentant avec plus de transparence les métiers de demain, et ce que peut être une aide à la transition vers l'avenir », ajoute-t-il.
Selon lui, les nouvelles qualifications renégociées de la convention collective posent la question de ce que signifie « faire carrière demain dans la métallurgie », et donc de la formation. « Il faut voir plus loin en matière de GEPP. Les études passées des observatoires ont été très justes et bien quantifiées sur les besoins de reconversion. Mais les entreprises ont préféré les PSE plutôt que les reconversions pour les postes en perte de vitesse, et les recrutements externes pour les nouveaux métiers ».
Réindustrialiser la France
Pour Fabrice Nicoud, la métallurgie est confrontée à un « débat passionnant » sur les ressources humaines, alors que « la moitié des formés pour l'industrie ne travaillent pas dans l'industrie ». « Si on veut réindustrialiser la France, il faut des jeunes acceptant de travailler dans l'industrie. Mais cela nécessite un préalable, c'est à dire une prise de conscience de l'ensemble de l'entreprise -employeurs comme salariés- de l'intérêt de réfléchir aux compétences de demain ».
Transparence sur les métiers de demain
Cela implique de « faire la transparence » sur ce que seront les métiers de demain, d'avoir des « RH relais », d'avoir « des chefs et une hiérarchie intermédiaire également relais capables de dire l'avenir », et de poser la question « De quoi as-tu envie ? », aux salariés.
« D'autant plus qu'il y a une forte anxiété sur l'avenir de pans entiers de l'industrie et la disparition d'emplois. Face à cela, les salariés doivent être davantage maître de leur avenir : la co-construction du CPF y participera. Certains salariés seront moteurs et d'autres moins, il faut les aider », affirme le président, qui pointe un souci : « Avec les plans de sauvegarde de l'emploi, l'industrie a beaucoup perdu en techniciens de la formation, connaissant vraiment le sujet ».