La ministre déléguée chargée de l’enseignement et de la formation professionnelle, Carole Grandjean, présente, le 27 septembre 2022 devant les députés, le projet de loi portant des mesures de réforme de la validation des acquis de l’expérience (VAE).
UHFP 2023
« Nous voulons plus et mieux pour l'apprentissage » (Carole Grandjean)
Leviers d'amélioration de l'apprentissage, prolongation des aides financières à l'alternance, appréhension des acteurs face à la révision des niveaux de prise en charge ; esprit et calendrier d'application de la loi créant un service public de validation des acquis de l'expérience: Carole Grandjean, ministre de l'Enseignement et de la Formation professionnels, répond aux questions du Quotidien de la formation, à la veille de l'ouverture de l'Université d'hiver de la formation professionnelle, dont elle inaugurera les travaux mercredi 25 janvier. Organisée par Centre Inffo, la 18ème UHFP se déroulera jusqu'au 27 janvier à Cannes. Second volet de notre entretien exclusif.
Par Estelle Durand, David Garcia et Catherine Trocquemé - Le 24 janvier 2023.
Le Quotidien de la formation. Quels leviers d'améliorations de l'apprentissage envisagez-vous?
CG. L'engouement pour l'apprentissage est le signe d'une vraie réussite de la loi de 2018. Outre la simplification administrative pour les CFA et les entreprises, il nous faut désormais travailler sur 2 axes :
Premièrement, la qualité de l'apprentissage. Cela passe par des groupes de travail sur Qualiopi et par des réflexions sur l'harmonisation et la simplification des contrôles, y compris pédagogiques. Le très bon taux d'insertion post-apprentissage ne doit pas faire oublier la réalité des ruptures de contrats, encore trop nombreuses. Nous avons entamé des travaux visant à préciser ce que recouvrent ces ruptures, afin d'y apporter les solutions les plus adéquates. Nous sommes par exemples attentifs au fait que les tensions de recrutement dans certains secteurs peuvent conduire certaines entreprises à embaucher des jeunes avant l'obtention de leur diplôme, ce qui n'est pas dans l'esprit de l'apprentissage.
Deuxièmement, l'augmentation du nombre d'apprentis au niveau bac et infra bac, et des apprentis en situation de handicap. Ce dispositif a fait ses preuves pour l'emploi des jeunes, nous souhaitons l'orienter vers les profils de jeunes qui en ont le plus besoin. C'est tout le sens du nouveau régime d'aide aux entreprises, qui porte de 5 000€ à 8 000€ le montant de cette aide pour les mineurs. Nous poursuivrons nos efforts pour promouvoir et mieux orienter vers l'apprentissage dès le collège.
Prolongation des aides à l'apprentissage, marqueur politique fort
Le Quotidien de la formation. Identifiez-vous des effets d'aubaine liés aux aides à l'embauche ?
CG. C'est mal connaître les entrepreneurs. Une entreprise qui recrute un jeune en apprentissage investit d'abord du temps et toute son énergie pour le former et l'accompagner. C'est pour cela que nous continuerons à les soutenir dans cet investissement sur le temps long : le Président de la République a annoncé ce mois-ci la prolongation de l'aide de 6 000 euros à l'embauche d'alternants de moins de 30 ans jusqu'à la fin du quinquennat. Cela représente un effort financier substantiel, c'est aussi un marqueur politique fort de soutien durable à cette voie de formation.
Le Quotidien de la formation. La révision des niveaux de prise en charge suscite des inquiétudes du côté des CFA. Que leur répondez-vous ?
CG. Le système de régulation des niveaux de prise en charge s'établit sur la base des comptabilités analytiques des CFA, qui permet de mettre en visibilité le coût des formations. Nous ne visons pas une stricte mesure d'économie mais bien à tendre vers un financement au « juste prix ». Nous serons par ailleurs attentifs à ce que les niveaux de financement soient cohérents avec les besoins de développement de l'appareil de formation. Nous voulons « plus et mieux » pour l'apprentissage : un million d'apprentis en 2027 avec des contrats et des missions de qualité.
Nouvelle VAE: logique de guichet unique pour l'usager
QDF. La loi prévoyant des mesures destinées à faciliter le recours à la validation des acquis de l'expérience acte la création d'un service public de la VAE. Quelles est sa philosophie ?
CG. Ce texte est un socle dont l'objectif est de favoriser la réappropriation par les entreprises et les individus d'un outil trop complexe et peu utilisé. Il y a un peu moins de 30 000 parcours annuels de VAE aujourd'hui, nous voulons arriver à 100 000 d'ici à la fin du quinquennat. Nous voulons parvenir à une logique de guichet unique pour l'usager, et assurer la mise à disposition d'outils de suivi et de mise en œuvre des parcours pour l'ensemble des acteurs, candidats, accompagnateurs, financeurs… C'est dans un esprit de simplification du dispositif, de sécurisation des parcours et de modernisation que nous avons abordé cette loi.
Nous avons également souhaité, grâce à la loi, expérimenter une nouvelle manière de se former, dans le cadre de la VAE inversée. L'ambition est de permettre la construction de parcours de formation en entreprise, en situation de travail et en organisme de formation au plus près des besoins des employeurs. Ces parcours seront accompagnés de bout en bout dans le cadre d'une VAE, afin de valider une montée en compétence individualisée et progressive pour le candidat.
Le Quotidien de la formation. A quelle échéance s'appliquera la « nouvelle » VAE ?
CG. Nous devons d'abord poursuivre les travaux réglementaires d'application de la loi, qui se dérouleront jusqu'à la fin du premier semestre 2023. En parallèle, nous devons également dessiner les contours du fonctionnement du groupement d'intérêt public, qui préfigurera le mode de fonctionnement du service public de la VAE. Nous travaillerons ensuite à la construction de la plateforme numérique, qui sera progressivement déployée à partir de juin 2023. Actifs, entreprises, certificateurs : nous incitons vivement les parties prenantes à se saisir de la VAE comme un vrai levier d'évolution professionnelle.
Retrouvez l'entretien intégral avec Carole Grandjean dans Inffo formation.
Université d'hiver de la formation professionnelle
La ministre de l'Enseignement et de la Formation professionnels ouvrira la 18ème Université d'hiver de la formation professionnelle, mercredi 25 janvier à Cannes.