Un recours au CPF plus élevé en zones urbaines (Caisse des dépôts)
Des disparités territoriales apparaissent dans le recours au compte personnel de formation (CPF) et dans les certifications financées grâce à ce dispositif, révèle une étude de la Caisse des dépôts.
Par Raphaëlle Pienne - Le 23 mars 2023.
Le lieu d'habitation influe-t-il sur la manière d'utiliser le CPF ? La réponse est oui, selon le dernier numéro de la publication « Questions politiques sociales » de la Caisse des dépôts « Le recours au CPF : une analyse territoriale ».
Des disparités territoriales dans le recours au CPF…
En 2021, les actifs occupés (salariés et indépendants) habitant en zones urbaines ont davantage recouru au CPF pour financer une formation professionnelle. Ils sont 5,5 % de ceux résidant dans des espaces denses et 3,6 % dans des espaces de densité intermédiaire. A l'opposé, dans les zones rurales, ils sont 2,9 % dans les espaces peu denses et 2,2 % dans les espaces très peu denses. « Ce sont des disparités constatées quels que soient le sexe et l'âge », a expliqué Gabin Langevin, co-auteur de l'étude avec Ronan Mahieu, à l'occasion d'une présentation de ces résultats à la presse.
… expliquées en partie par des facteurs socio-économiques
« Les écarts entre territoires sont expliqués au moins pour moitié par les caractéristiques sociodémographiques de la population […] et le tissu économique », selon Gabin Langevin. Les catégories socioprofessionnelles et les diplômes de la population sont les facteurs les plus déterminants, avant d'autres tels que la part de travail salarié et indépendant, le sexe et l'âge, la part d'emploi public, les secteurs d'activités présents, ou le taux de chômage. Ils expliquent 48 % des écarts de recours au CPF entre les territoires denses et très peu denses. « On a une part résiduelle pouvant être expliquée par d'autres caractéristiques, non mesurées localement ou inobservables : connaissance du dispositif, besoins de formations, opportunités de réorientation sur le territoire, etc. », complète-t-il.
Des formations différentes selon le lieu de résidence
Le recours au CPF diffère selon les territoires non seulement en volume mais aussi en nature de formation. « Les formations suivies en zones rurales sont en moyenne moins onéreuses et plus courtes », analyse Gabin Langevin. Le coût moyen de l'heure de formation varie ainsi de 41 euros dans les zones les plus densément peuplées à 32 euros dans les espaces très peu denses. « Ces écarts sont les conséquences de choix de formation différents. […] Les formations suivies dans les espaces ruraux sont généralement plus directement liées à l'exercice d'un métier, alors que dans les zones urbaines on a davantage de formations destinées aux langues étrangères », ajoute-t-il. La formation au permis B est aussi caractéristique, occupant le premier rang des formations financées par le CPF en zones denses (19 % des bénéficiaires) et seulement le dixième rang en zones très peu denses (3 % des bénéficiaires). L'explication est vraisemblablement qu'en zone rurale le permis doit être passé très jeune, avant d'avoir acquis des droits au CPF suffisants.