5 à 20 % des tâches des métiers remplaçables par l'IA ?
La fédération des Acteurs de la compétence appelle les prestataires de formation doivent se former aux usages de l'intelligence artificielle, afin de bien former les salariés/citoyens à leur tour. 5 à 20 % des tâches des métiers sont remplaçables par l'intelligence artificielle, selon Antoine Amiel, président de la commission compétences et communication des Acteurs de la compétence.
Par Laurent Gérard - Le 18 juin 2024.
Le 14 juin, la fédération des acteurs de la compétence a organisé une matinale sur l'intelligence artificielle et ses impacts sur la filière du développement des compétences, une matinale pour ses adhérents dont beaucoup expriment des inquiétudes face à la montée en puissance de ce phénomène.
Explosion depuis 2 ans
« L'IA explose en France depuis 2 ans », a introduit Claire Khecha, déléguée générale de la fédération. Selon elle, l'intelligence artificielle apporte beaucoup en termes d'inclusivité, de feed back, d'adaptation… mais pose des questions sur la propriété intellectuelle, le métier de formateur, l'éthique et la confidentialité.
« On estime que 5 à 20 % des tâches des métiers sont remplaçables par les IA », a illustré Antoine Amiel, président de la commission compétences et communication des Acteurs de la compétence. Selon lui, « il ne faut pas manquer le train » : il y a un fort besoin de formation et d'acculturation aux usages de l'IA.
Captation d'informations
« Fondamentalement, sans data -c'est à dire les mots, les images, les sons et les nombres qui sont déversés dans Internet- il n'y a pas d'IA, et de mauvaises data donnent une mauvaise IA », a éclairé Thaïs Aouizerate, directrice du Fab Lab Lyon d'Inetum, organisme de formation spécialisé sur l'informatique et l'IA, qui accueillait la matinale. C'est pourquoi elle alerte sur le cas de l'IA générative ChatGPT rendue publique et gratuite le 30 novembre 2022. « Il faut bien faire comprendre que quand c'est gratuit c'est l'utilisateur qui devient le produit. Dès l'instant où vous demandez à cette IA de faire, par exemple, une synthèse d'un document interne d'une entreprise - document plus ou moins confidentiel- vous perdez la main sur ces informations, l'IA les capte : c'est aussi l'outil d'une guerre économique ». ChatGPT a ainsi atteint le million d'utilisateur en 5 jours, alors qu'il avait fallu 10 mois à Facebook et 3,5 ans à Netflix. « Jamais l'adoption d'une technologie par le grand public n'a été aussi rapide, c'est devenu un phénomène de société ».
Vraisemblance n'est pas vérité
C'est pourquoi, poursuit-elle, il faut « informer et former sur le fait que l'IA générative donne des réponses vraisemblables, fondées sur des statistiques, mais qu'elle ne donne pas la vérité. Il faut former sur le fait qu'il ne faut pas prendre pour argent comptant ce qu'elle produit : il faut relire, vérifier, ce que seul un humain fera ». L'accompagnement de l'adoption des usages de l'IA est donc primordiale, les producteurs d'IA ont besoin des formateurs : « ce métier n'est pas prêt de disparaître », affirme Thaïs Aouizerate. En revanche, la généralisation de cet usage questionne « sa forte pollution et les infrastructures électriques ».
« Il faut garder une validation humaine dans le processus d'usage, créer des chartes d'utilisation de l'IA dans les entreprises, et former à son usage », a conclu Jean Baptiste Chanial, avocat et directeur associé du cabinet Fidal.