Apprentissage : des solutions pour prévenir les ruptures de contrat
Quelles bonnes pratiques instaurer entre CFA et entreprises pour éviter les ruptures de contrats d'apprentissage ? Accompagnement des maîtres d'apprentissage, renforcement des relations entre employeurs et équipes pédagogiques, information des jeunes et de leur famille… : autant de pistes avancées lors d'un webinaire organisé le 16 avril par le Gref Bretagne.
Par Jonathan Konitz - Le 22 avril 2024.
Des entreprises parfois ignorantes du programme de la formation suivie par leur apprentis ou « pour qui les temps d'échange avec le CFA sont insuffisants », « des formateurs, nouveaux arrivants dans le métier, ayant besoin d'être accompagnés sur la question de l'alternance », ou encore le manque de temps « accordé aux équipes pédagogiques pour travailler en équipe. » Stéphane Jenouvrier, inspecteur de l'Éducation nationale, coordonnateur de la mission de contrôle pédagogique des formations par apprentissage de l'Académie de Rennes, énumère les facteurs de risques observés sur le terrain pouvant conduire à la rupture d'un contrat d'apprentissage. (1 020 000 sont en cours, au 31 décembre 2023, selon la Dares). « Au niveau des taux de rupture pour les contrats de deux ans ayant débuté en 2022, on constate deux pics (...) : au cours des trois premiers mois d'exécution et entre neuf et 12 mois », appuie Karpo Jacquot, médiatrice consulaire de l'apprentissage à la Chambre des métiers et de l'artisanat de Bretagne.
Visites d'entreprises et journées de présentation
Pour prévenir le phénomène, la Maison familiale urbaine (MFU) de Saint-Grégoire près de Rennes a instauré, dans le cadre de sa filière CAP Interventions en maintenance technique des bâtiments, une journée de présentation à destination des maîtres d'apprentissage, des apprentis et de leur famille. Un temps partagé ayant la vertu de permettre « aux tuteurs plus expérimentés de venir apporter leur témoignage, et de répondre aux salariés qui endosse ce rôle pour la première fois », témoigne Mickaël Guiguen, le directeur. « Nous en profitons pour présenter l'équipe de formateurs et les outils de liaison. » Toujours dans un souci d'éviter les ruptures de contrats et de sécuriser les parcours, Ona Martres, formatrice en enseignement général dans le même établissement, multiplie les coups de fil et déplacements dans les entreprises accueillant un apprenti. Résultat : « nous sentons les tuteurs plus impliqués. »
Associer la famille des apprentis mineurs
Julien Marsac, coiffée de la double casquette de chef d'entreprise et de président de la Chambre des métiers et de l'artisanat (CMA) du Morbihan avance d'autres pistes. A commencer par celle d'une bonne intégration de l'apprenti dans l'entreprise. Pour les apprentis mineurs, il suggère d'impliquer la famille. « Avec le CFA, nous devons tous les trois être soudés dans l'accompagnement du jeune et porter la même parole (...) S'il traverse des soucis familiaux, nous disposons à la CMA de médiateurs et d'infirmières. »
Encourager la formation des maîtres d'apprentissage
Julien Marsac insiste lui aussi sur la nécessité d'accompagner le salarié dans son rôle de tuteur. « Avec tout le travail dans une journée, et la pression, on frôle parfois le zéro en terme de pédagogie. » D'où l'importance de former les maîtres d'apprentissage, rappelle Stéphane Jenouvrier. Selon lui, il faudrait sans doute aller plus loin dans la reconnaissance de leurs compétences en leur donnant la possibilité d'obtenir « un titre pro par la voie de la VAE ou autre. » CFA et entreprises doivent aussi être attentifs aux besoins spécifiques de certains apprenants, comme ceux souffrant de troubles de neurodéveloppement ou rencontrant des problèmes psychosociaux, alerte Pascale Brunel, chargée de mission à la faculté des métiers de la CCI de Rennes.