Apprentissage : plus d'efficience pour répondre aux contraintes budgétaires

Fin de la prime exceptionnelle et de la gratuité des frais, meilleurs outils de pilotage et de contrôle des CFA (centres de formation d'apprentis) font partie des pistes d'évolution évoquées lors d'un séminaire organisé au ministère de l'économie.

Par - Le 14 novembre 2024.

Quelles pistes sont les pistes d'amélioration de l'apprentissage ?, se sont interrogés les intervenants du séminaire Politiques de l'emploi mardi 12 novembre. Dans un contexte « d'excès de dépenses », l'économiste Pierre Cahuc estime que la prime exceptionnelle « a vocation à le rester » et donc « à disparaître » progressivement. Se pose également la question de la gratuité des frais d'inscription, obligatoire dans le cas de l'apprentissage. « Le sujet concerne surtout les grandes écoles, où existe une forte incitation à l'apprentissage pour les étudiants dont les parents ont de hauts revenus et paieraient davantage de frais d'inscription ». Il y a donc « un effet anti-redistributif ». Pierre Cahuc juge nécessaire de « renforcer les exigences » pour les CFA et de « se doter d'outils de pilotage », afin « d'adapter l'offre de formation » pour mieux orienter vers les métiers en tension et les formations qui offrent le plus de débouchés.

Améliorer l'insertion dans l'emploi

Pour l'économiste, il est par ailleurs nécessaire de renforcer les liens entre l'enseignement professionnel et le service public de l'emploi. Il mène le projet Avenir Pro, qui permet à d'accompagner des élèves de lycées professionnels dans leur parcours d'insertion avec France Travail.  300 lycées ont bénéficié de cette expérience « et le taux d'emploi à 6 mois a augmenté de 16 à 23% ». Le coût par élève reste faible, de l'ordre de 350 euros. « Des leviers existent pour améliorer l'insertion dans l'emploi, remarque Pierre Cahuc. On s'est engagés de manière débridée dans l'apprentissage, ce qui n'est pas forcément une bonne chose pour la dépense publique ».

Ciblage des métiers en tension

Le consultant Jean-Pierre Willens voit lui plusieurs possibilités d'avenir pour l'apprentissage. Dans la première, il est considéré « essentiellement comme un outil d'insertion » et le dispositif doit être ciblé vers les moins qualifiés et les métiers en tension. Une autre possibilité serait de faire de l'apprentissage un outil de reconversion professionnel moins onéreux que le financement via l'assurance chômage, en montrant « qu'on peut former en travaillant ». Mais que ce soit un outil d'insertion ou une voie d'éducation, « cela suppose de faire de choix politiques ». L'autre question est celle de la régulation des CFA, dont les ressources sont assurées à 87% par l'Etat. « Il serait intéressant de mutualiser les bonnes pratiques », car la certification Qualiopi ne suffit pas pour l'instant à les distinguer. « Il faut des notes centrées sur les performances réelles et non de moyens », estime Jean-Pierre Willems qui considère « qu'il manque un système d'évaluation partagé par tous les acteurs ».

Capitaliser les points forts

Anne-Léone Campanella invite elle à « capitaliser sur les points forts » malgré un modèle économique « fragile ». Pour la directrice générale de REAL Campus by L'Oréal, l'apprentissage est aussi une manière de transformer l'éducation, et « permet à nos établissements d'être en prise avec le terrain ». Elle veut « continuer à travailler sur la communication » pour « valoriser l'apprentissage ».

 

Pour en savoir plus.