L’ancien ministre du Travail Olivier Dussopt participe à la première édition des CertifDays, le 20 septembre 2024 à Cannes. À sa droite, Christopher Sullivan, directeur général d’ICDL France, partie prenante du Collectif CertifDays.
CertifDays : « les entreprises en situation d'inégalité devant la certification »
Les entreprises sont inégalement préparées à utiliser des certifications de plus en plus spécifiques et différentiées, ont constaté les participants à un débat sur entreprises et certifications lors du CertifDays, vendredi 20 septembre à Cannes. Certaines formulent des demandes de plus en plus précises auprès des certificateurs privés.
Par Laurent Gérard - Le 25 septembre 2024.
« La France reste encore un pays très aristocratique, donnant tout son poids au diplôme national ministériel », affirme Marie-Laure Collet, vice-présidente du Medef Bretagne. Selon elle, il y a une fracture sociale et RH (ressources humaines) majeure entre grandes entreprises et TPE-PME, sur la capacité à lire et comprendre les autres certifications que ces diplômes nationaux. « Les patrons de PME sont largués, il faut harmoniser et vulgariser les différentes formes de certification de compétences pour fluidifier les parcours, alors même que la mobilité géographique des gens baisse ».
Peu de précision dans les offres d'emploi
Un avis partagé par Philippe Tourneur, chargé de mission au sein de la direction du développement des compétences dans les territoires, à France Travail : « Les notions de certification sont encore peu précisées dans les offres d'emploi. Or, 60 % des demandeurs d'emploi n'ont pas le bac. C'est pourquoi 49 % des achats de formation de France Travail sont aujourd'hui des formations certifiantes ». Selon lui, un mélange certification RS (répertoire spécifique) + formation longue, offert aux demandeurs d'emploi, constitue un signal envoyé aux entreprises.
Une analyse partagée par Marc Alperovitch, président du certificateur Tosa : « Notre certification est de plus en plus perçue comme un plus par les chefs d'entreprise même s'ils en ont une compréhension encore floue ». D'après lui, cet accès à la certification pour les demandeurs d'emploi est fondamental, car « 70 % des conseillers en formation continue disent que la perspective d'obtention d'une certification augmente l'implication des demandeurs d'emploi dans leur parcours ».
La certification motive
Ce qui est vrai pour les demandeurs d'emploi se révèle exact également pour les étudiants. « La certification motive », relève Laurence Le Poder, doyenne associée à la pédagogie chez Kedge business school. « Nous utilisons de plus en plus de certifications spécifiques -Tosa, WordPress, Le Robert - en vérification de niveau d'entrée, puis durant le cursus. L'obtention d'une certification spécifique intermédiaire stimule, et facilite aussi l'accès à des stages en entreprises qui apprécient ces certifications ».
D'ailleurs, ajoute-t-elle, les entreprises font davantage de demandes de certifications sur des besoins très opérationnels, comme certifier la réalité d'une pratique Excel très poussée, ou certifier la qualité de requête que peut formuler un étudiant ou un salarié en poste auprès d'une intelligence artificielle -l'art du prompt, selon les spécialistes, « toutes deux en forte progression ». La seconde demande butte encore à ce jour sur une absence de référentiel, « mais la demande est clairement là ».