Les participants de la master class Qualité en formation – Qualiopi du 25 avril 2024.
Certification Qualiopi : premier bilan et nouveautés (Master class Centre Inffo)
La première séquence d'une Master class organisée le 25 avril par Centre Inffo était consacrée à la mise en œuvre de Qualiopi. Experts et intervenants ont pu y dresser un premier bilan du déploiement de la certification qualité et décrypter les dernières nouveautés à connaître.
Par Raphaëlle Pienne - Le 30 avril 2024.
Cette Master class s'inscrit dans un contexte particulier : celui du grand chantier de la qualité en formation initié par les pouvoirs publics. « Nous sommes [aussi] à un moment où beaucoup d'organismes soit ont réalisé l'audit de surveillance soit vont arriver à l'audit de renouvellement [de la certification Qualiopi]. Il est [donc] important de comprendre les évolutions en cours et là où l'on va », ajoute Loïc Lebigre, consultant senior ingénierie et politiques de formation à Centre Inffo.
Qualiopi, un succès quantitatif et qualitatif
Mais avant d'aborder les nouveautés à connaître, la séquence a permis de faire un premier bilan de la mise en œuvre de Qualiopi. Ceci même si la certification reste encore très jeune, puisque son exigibilité pour accéder aux fonds mutualisés de la formation n'est entrée en vigueur qu'au 1er janvier 2022. « Nous ne sommes même pas à l'achèvement du premier cycle. […] Mais l'objectif de lisibilité, qui était assigné [à la certification] fait partie de ceux [déjà] atteints », se félicite Stéphane Rémy, sous-directeur des politiques de formation et du contrôle à la DGEFP. Les derniers chiffres montrent aussi un succès quantitatif, avec 44 475 organismes de formation certifiés. « Je pense que l'on est à un seuil, même si cela peut encore augmenter », estime Loïc Lebigre. S'appuyant sur une récente enquête du Céreq, le consultant de Centre Inffo estime que le bilan qualitatif de la certification est également satisfaisant. « Du point de vue des prestataires eux-mêmes. […] Il y a une amélioration globale qui est constatable », analyse-t-il. « Ce qui est plus difficile à mesurer aujourd'hui c'est l'impact sur l'appareil de formation », remarque-t-il néanmoins.
Un « guide de lecture » revisité
L'actualité à connaître de la certification Qualiopi, outre la publication d'un arrêté en mai 2023, concerne la publication de la huitième version de son « guide de lecture » fin 2023. Ce nouveau document de référence est le fruit des préconisations d'un groupe de travail rassemblant des acteurs de terrain, lequel a choisi de ne pas modifier les indicateurs et les critères du référentiel qualité. « Nous sommes sur une remarquable stabilité », souligne Stéphane Rémy. Dans sa nouvelle version, le guide de lecture a cependant été considérablement revisité avec « des évolutions, des reformulations et des ajouts dans une visée pédagogique et de lisibilité », décrypte Béatrice Laurentin, consultante senior ingénierie et politiques de formation à Centre Inffo. « On observe aussi dans ces évolutions le renforcement de certains attendus, notamment pour les publics en situation de handicap, pour l'alignement des attendus sur les critères France compétences pour toutes les certifications professionnelles, et la création d'obligations spécifiques pour les formations ouvertes et à distance », complète-t-elle. Enfin, une nouvelle version du « guide de lecture » Qualiopi a été publiée en début d'année, afin d'y préciser les éléments relatifs à la sous-traitance. Elle fait suite au décret du 30 décembre 2023, qui impose une obligation de certification pour les sous-traitants intervenant dans des formations financées par le CPF.
Une « prise de pouls » avec l'activité des certificateurs
Cette nouvelle obligation devrait déclencher une nouvelle vague de demandes pour Qualiopi. Elle ne s'observe cependant pas encore sur le terrain. « Nous n'avons pas à ce jour un afflux de sous-traitants qui viennent à la certification. […] En revanche nous avons beaucoup de questions des donneurs d'ordre, pour savoir comment améliorer la gestion de leurs sous-traitants », expose Francois Galinou, président de l'organisme certificateur ICPF. Yves Pariot, directeur de la certification chez Pronéo Certification, observe également un intérêt très fort sur le sujet. « Mais pour l'instant, force est de constater que la question principale est : comment je contourne [le] décret », indique-t-il. Revenant sur les premières années de mise en œuvre de Qualiopi, les deux certificateurs évoquent aussi ce qui a pu poser le plus de difficulté aux prestataires de formation. Pour Francois Galinou il s'agit des indicateurs relatifs à la veille, tandis qu'Yves Pariot évoque l'absence de culture de la traçabilité chez certains petits organismes de formation. Enfin, ils alertent les organismes sur l'enjeu de l'audit de renouvellement. « C'est le premier audit vraiment complet avec une antériorité importante, […] et potentiellement des non-conformités à vérifier », explique Yves Pariot. Sans compter que les premiers certifiés, qui avaient pu bénéficier d'un audit aménagé, seront cette fois-ci évalués sur l'ensemble des indicateurs du référentiel qualité.