Certifications professionnelles : le handicap, un enjeu à toutes les étapes du processus
Les personnes handicapées doivent pouvoir se former et être évaluées dans des conditions adaptées. Mais au-delà, les référentiels métiers dans leur ensemble doivent prendre en compte le handicap. Proposé par Centre Inffo et Lafayette associés, un webinaire a permis, mardi 16 avril, de décortiquer cette double obligation.
Par Sophie Massieu - Le 18 avril 2024.
De la contrainte naît la créativité. La prise en compte du handicap en matière de certification professionnelle représente, aux yeux de Jean-Christophe Chamaillou, président de Lafayette associés, « une façon d'innover et d'améliorer son dispositif de formation ». C'est ce qu'il a affirmé à l'occasion d'un webinaire organisé mardi 16 avril avec Centre Inffo sur l'obligation de prendre en considération les enjeux liés aux handicaps pour tout organisme désireux d'enregistrer une certification professionnelle, dans l'un ou l'autre répertoire.
Impact sur les référentiels
Cette règle comporte deux volets distincts. D'abord, celui de la nécessaire adaptation des référentiels de très nombreux métiers. De tous ceux amenés à être en contact avec une personne en situation de handicap. Autant dire la quasi-totalité. A titre d'illustration, Valérie Hellouin, consultante senior en ingénierie et politique de formation à Centre Inffo, a pris l'exemple d'un vendeur ou d'un architecte en bâtiment. Quoique dans des cadres et proportions très différents, ces deux professionnels auront, durant l'exercice de leur métier, à prendre en compte la question du handicap. Dès lors, le référentiel de leurs formations doit intégrer cette dimension. Non parce que le métier lui-même serait modifié par la prise en considération du handicap, mais parce que les conditions de son exercice, elles, le seront. En clair, un vendeur reste vendeur, mais il doit réfléchir à la façon dont il sera amené à s'adresser à une personne handicapée le cas échéant.
Adaptations des modalités d'enseignement et d'évaluation
Autre volet de l'obligation faite aux entreprises et organismes de formation, bien peu surprenante celle-là : celle de permettre aux personnes handicapées elles-mêmes de se former, et d'être évaluées en tenant compte de leurs éventuelles difficultés. Concrètement, selon Jean-Christophe Chamaillou, 19 des 36 critères de la certification Qualiopi traduisent cette obligation. Particulièrement, celui relatif aux procédures de positionnement, ceux sur l'accessibilité des locaux ou des contenus pédagogiques, ou encore la présence d'un référent handicap. « Il convient de ne jamais présager de ce qu'un candidat pourra faire ou non », prévient Valérie Hellouin, pour inviter au dialogue avec le candidat lui-même, souvent au fait de ses besoins, et avec des organismes d'accompagnement si un appui se révèle nécessaire. Suite logique, l'évaluation doit, elle aussi, offrir des aménagements lorsqu'ils sont nécessaires, à l'instar du recours à une aide technique (comme une boucle magnétique pour les personnes malentendantes, l'utilisation d'une plage braille pour les déficients visuels) ou un tiers-temps, voire une aide humaine comme un interprète en langue des signes française.
Les enjeux spécifiques de la VAE
Dans ce contexte, la validation des acquis de l'expérience peut poser des enjeux plus épineux. Les jurys doivent être formés à l'analyse d'éléments de preuve qui peuvent légèrement différer de la situation habituelle de réalisation d'une tâche du fait d'un handicap. De plus, la situation de la personne peut avoir évolué, entre le moment où elle exerçait son métier et celui où elle est évaluée. En somme, l'appel au bon sens des examinateurs semble, aussi, une dimension non négligeable de la prise en compte du handicap.