Les États généraux de l’alternance, le 15 octobre 2024, à Lille.
Comment concilier massification et qualité de l’apprentissage ?
Lors des États généraux de l'alternance, organisés mardi 15 octobre, à Lille, les professionnels se sont interrogés sur le développement de nouveaux parcours en apprentissage. Sans pour autant souhaiter dupliquer ce qui est proposé dans les cursus scolaires classiques.
Par Virginie Menvielle - Le 17 octobre 2024.
La barre symbolique du million d’apprentis a été dépassée en janvier 2024. Face à cette massification de l’apprentissage en particulier dans l’enseignement supérieur (ils étaient 323 300 en 2020 contre 635 900 en 2023, ndlr), la question de la qualité des parcours proposés ne s’est jamais autant posée. Lors des États généraux de l’alternance organisés par le groupe AEF Info, Philippe Grassaud, président des 3E (Entreprises Educative pour l’Emploi), Patrick Chemin, secrétaire général des Compagnons du devoir et du Tour de France et Anne-Marie Hinault, chargée de mission à la DGESIP (direction générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle) ont présenté des pistes concrètes pour garantir une pédagogie adaptée aux apprentis.
Une charte pour bien accompagner les apprentis
Selon les trois intervenants, l’une des principales difficultés réside dans le manque de liens entre établissements et monde du travail. Anne-Marie Hinault est à l’origine de la Charte pour un accompagnement responsable des apprentis des établissements supérieurs parue en octobre 2023. Celle-ci n’induit ni contrôle ni audit, mais présente une série de bonnes pratiques. Anne-Marie Hinault indique : « La charte impose un nombre de visite minimal des tuteurs pédagogiques. Le maître d’apprentissage et le tuteur doivent se rencontrer au moins deux fois, sur site », Ce qui n’est absolument pas obligatoire, aujourd’hui. La charte revient aussi sur le besoin de formations des formateurs eux-mêmes. Sur ce point, Patrick Chemin a mené une expérimentation avec les Compagnons du devoir. Il explique : « Nous proposons à nos jeunes en post-bac que leurs formateurs pédagogiques les accompagnent sur des journées complètes en entreprise. Nous en avons retenu qu’il fallait adapter nos formations aux RSO (Responsabilité Sociétale des Organisations), RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) et aux questions de mobilité ». Philippe Grassaud propose de mettre en place « des modes d’enseignements hybrides » qui pourraient prendre la forme d’ e-learning, d’ateliers en présentiel ou encore de simulation ».
Apprendre aux établissements à communiquer sur leurs forces et faiblesses
« Il s’agit d’offrir aux apprenants une pédagogie la plus proche de ce qu’ils vivent en entreprises et pas de proposer une pédagogie scolaire classique et de lui mettre un panneau apprentissage ou alternance dessus », insiste Philippe Grassaud. Or, pour y parvenir, la question des indicateurs de contrôle se pose. Depuis le 1er janvier 2022, la certification des établissements par Qualiopi est obligatoire. Pour Anne-Marie Hinault, « Qualiopi n’est pas suffisant ». Il ne s’agit pas, comme l’ont indiqué Philippe Grassaud et Patrick Chemin, de multiplier le nombre d’indicateurs, déjà important, mais de travailler sur la diffusion des audits. « Le référentiel Qualiopi est déjà complet, les établissements doivent apprendre à être transparents pour communiquer sur nos réussites et nos moins bonnes », précise Patrick Chemin. Pour le trio d’experts, le maintien de cursus de qualité en apprentissage n’est garanti qu’avec plus de transparence des établissements sur leurs résultats et donc à ce que les CFA « s’engagent », peut-être en signant la Charte ?