Les apprenants expérimentant la nouvelle modalité de formation d’auxiliaires spécialisés vétérinaires (ASV), à Blanquefort.
Des auxiliaires vétérinaires expérimentent une nouvelle formation
Des apprentis auxiliaires vétérinaires expérimentent une nouvelle formation en Nouvelle-Aquitaine. Un temps de formation en CFA (centre de formation d'apprentis) réduit, mais, toutes les semaines, une journée de formation à distance, en collectif et en tiers lieux, pour éviter la solitude digitale et conforter l'émulation de groupe.
Par Laurent Gérard - Le 08 juillet 2024.
Depuis le 27 mai 2024, en Aquitaine, 17 apprenants (dont 3 hommes) expérimentent une nouvelle modalité de formation d'auxiliaires spécialisés vétérinaires, en alternance (contrat d'apprentissage de deux ans, 805 heures de formation, Opco EP) entre le CFA (centre de formation d'apprentis) de Blanquefort et leurs cliniques vétérinaires, intitulée Nouvelle Aquitaine santé animale (NASA).
Tiers lieux
Cette formation expérimente un rythme de 1 semaine de formation en CFA tous les deux mois, entrecoupée d'un jour de formation à distance, par semaine, en collectif (le jeudi, par 4-5 personnes), dans des tiers-lieux en proximité des lieux d'habitation des apprenants. Elle est financée à hauteur de 70 % dans le cadre de France 2030 (Ingénierie de formations professionnelles et d'offres d'accompagnement innovantes), par la région Nouvelle Aquitaine, l'État et le FSE (Fonds social européen). Le reste l'est par un consortium de partenaires : la région, le Centre de formation professionnelle et de promotion agricoles de Blanquefort, APForm (l'organisme détenteur du titre, le seul reconnu par la profession), l'Agence française pour le développement de l'emploi et des compétences (Afdec), le Centre interprofessionnel de formation d'apprentis de Bayonne, et les cliniques vétérinaires.
Autoévaluation
« C'est une approche centrée sur la montée en compétences », explique Hubert Grandjean, de l'Afdec, qui en a piloté l'ingénierie. Le métier d'ASV a été découpé en 13 rôles/compétences majeures avec 5-6 activités chacun. Choix a été fait de diminuer par 2 le temps de formation en centre et d'augmenter le recours à la gamification, au travail collectif, à l'autoévaluation et l'évaluation à 360e, et d'offrir 10 heures d'individualisation par apprenant, par session de 30 minutes, à distance, en visio. Chaque apprenant ayant bien sûr par ailleurs un tuteur en clinique.
Moins scolaire
« Cette refonte a demandé beaucoup d'investissement aux formateurs pour repenser, découper, illustrer, diffuser à distance et en collectif tous les cours », reconnaît Ophélie Hedbert, auxiliaire vétérinaire au CHV Aquivet, formatrice au CFA Blanquefort. « C'est moins scolaire, mais avec autant voire plus de contenu ».
Autorégulation
« Le collectif renforce la motivation, le fait d'apprendre à apprendre, la confiance et l'autorégulation », assure Marion Lafouresse, vétérinaire et chef de ce projet au CFA Blanquefort. Utiliser des tiers lieux définis par la région, solides techniquement, notamment en zone rurale, permet d'éviter les déplacements.
« L'expérimentation fait le pari du distanciel en communauté de travail, avec l'idée que copier sur l'autre pour apprendre, c'est bien ! », éclaire Hubert Grandjean. « Lors de l'évaluation finale, en revanche, chacun est seul ». L'outil Gowizapp est utilisé comme carnet de liaison moderne, et peut être alimenté de toute forme de preuve : texte, photo, film, autoévaluation… « Nous attendons beaucoup de cette expérimentation », conclut Jérôme Frasson, président d'APForm, et vice-président du syndicat des vétérinaires d'exercice libéral.
