Des CFA de plus en plus engagés dans une démarche qualité

Si tout le monde s'accorde sur la réussite de la réforme de l'apprentissage, le sujet de la qualité des parcours reste un point de vigilance. Articulé autour de la certification Qualiopi, obligatoire pour tous les CFA depuis le 1^er janvier 2022, le Label Alternance créé la même année par la plateforme Engagement jeunes, se concentre sur le retour d'expérience des apprentis et de leurs tuteurs. Selon David-Alexandre Gava, cofondateur de ce portail à la fois jobboard et offre de services aux entreprises et aux jeunes, le marché a besoin de repères lisibles sur la qualité des formations en alternance. « Les premiers audits Qualiopi ont été un moment important pour les CFA. Notre label répond aux exigences de certains indicateurs du référentiel et propose une méthodologie structurée pour déployer une démarche d'amélioration continue ». Sur 160 formations, 92 ont été retenues par la troisième édition du Label Alternance dont le palmarès a été rendu public le 24 janvier.

Un levier pour s'engager dans une démarche qualité

A partir d'un questionnaire conçu par la plateforme Engagement jeunes, les CFA sont jugés sur la qualité de leur enseignement, l'adéquation de leur formation avec les besoins du monde du travail, l'encadrement et le suivi des jeunes ou encore la répartition du temps passé à l'école et dans l'entreprise. La note obtenue par le CFA prend également en compte les statistiques Qualiopi sur les taux d'insertion professionnelle notamment. En trois ans, le taux d'échec des candidats au label est passé de 65 % à 42 %, signe d'une appropriation des enjeux qualité par les CFA. Mieux, ceux qui se prêtent à l'exercice obtiennent de meilleurs scores d'une année sur l'autre. Dans un contexte de plus en plus concurrentiel et à la veille de concertations sur la trajectoire financière d'un système structurellement déficitaire, le marché pourrait se durcir. Les CFA en sont conscients.

Renforcer la communication auprès des jeunes

« Il savent qu'ils doivent travailler sur l'attractivité de leurs formations et sur leurs modèles économiques », confirme David-Alexandre Gava. La libéralisation de l'apprentissage et le système de financement au contrat ont profondément changé les pratiques des CFA. De nouveaux entrants aguerris aux techniques commerciales et aux stratégies de marché rebattent les cartes et viennent challenger les positions acquises par les acteurs historiques. Face à cette menace, ces derniers doivent réfléchir à leur stratégie de communication auprès des jeunes. Ils sont de plus en plus nombreux à investir dans l'animation des réseaux sociaux, la participation à des salons, l'organisation de portes ouvertes ou la présentation dans les lycées des métiers auxquels leur formation donne accès. Ils développent de nouvelles compétences dans le digital et interrogent leurs modèles économiques.

Trouver des financements complémentaires

« Ils automatisent leurs process ou opèrent des rapprochements ou initient des démarches de mutualisation. Le marché est en voie de consolidation », précise David-Alexandre Gava. Ces transformations ont un coût à un moment où les niveaux de prise en charge baissent. Une équation qui inquiète le secteur. Les CFA cherchent des sources de financement complémentaires. Certains négocient des restes à charge ou une augmentation du solde de la taxe d'apprentissage avec les entreprises, vont chercher des subventions et répondent à des appels à projet. D'autres élargissent leur offre en développant des sessions sur-mesure pour les entreprises ou des sessions mixtes avec des actions en formation continue. Pour consolider leur modèle économique, des CFA proposent leurs services d'ingénierie et réalisent des formations en marque blanche pour d'autres acteurs ou des CFA d'entreprise. Jusqu'à présent porté par un effort inédit des politiques publiques, l'apprentissage accélère sa mue.