Audition des chefs de file des partis politiques pour les élections législatives de 2024.
Elections législatives : quelles futures réformes de la formation ?
Les trois organisations patronales (Medef, CPME, U2P) ont organisé jeudi 20 juin une audition des principaux partis politiques dans la perspective des élections législatives, qui auront lieu les 30 juin et 7 juillet prochains. Compétitivité et formation professionnelle, emploi des seniors, métiers en tension, aides financières à l'apprentissage, lycées professionnels. Autant de thématiques abordées par les chefs de file des listes les mieux placées, a priori.
Par Laurent Gérard - Le 21 juin 2024.
« C'est une matinée essentielle et exceptionnelle pour la démocratie sociale », a introduit le président du Medef, Patrick Martin, jeudi 20 juin, lors de l'audition des programmes des principaux partis politiques dans la perspective des législatives 2024, une audition organisée conjointement avec la CPME et l'U2P. Justifiant de rassembler «90 % de l'emploi privé en France », les trois organisations d'employeurs ont appelé les partis politiques à « réintroduire la rationalité en économie », pour faire « une France prospère où règnent la paix sociale et le partage », mais en rappelant aussi que le moment est celui de « transitions importantes dans un contexte de concurrence internationale », se traduisant par « une montagne de défis » pour lesquels les entreprises ont « besoin de stabilité et rationalité ». Fiscalité, normes, financement des investissements, réforme de l'action publique… ont donc été principalement questionnés, mais les sujets de formation professionnelle et de formation initiale n'ont pas été éludés. L'intégralité des 4 heures d'audition est disponible ici.
Priorité de la formation initiale
« Il faut mieux former, car on sera compétitif avec la formation », a ouvert Edouard Philippe pour le parti Horizons. « Il y a encore beaucoup à faire après ce qui a été fait sur l'apprentissage, pour avoir un marché du travail plus fluide ». Selon lui, la formation initiale est « la principale priorité, car le niveau baisse, le système reproduit les inégalités sociales de manière totalement non républicaines ». Mais, ajoute-t-il, « ce n'est pas une question de moyens », car la dépense française est « toujours supérieure à la moyenne OCDE, mais notre système fonctionne moins bien ». Il préconise donc « plus de liberté pour les établissements, pour les équipes, il faut faire confiance ». Et pour cela, il faut « nettement mieux payer les professeurs, leur offrir de meilleure formation d'entrée dans le métier et un meilleur déroulement de carrière moins linéaire ».
Emploi et formation des seniors
« L'emploi des seniors est au cœur de nombreuses réflexions », ont noté Eric Coquerel et Boris Vallaud pour le nouveau front populaire. « Regardons les pays du nord de l'Europe où le taux d'emploi est le plus fort : la formation professionnelle des seniors y est la plus forte. Chez nous c'est l'inverse, ce qui créé des difficultés considérables d'insertion des plus de 55 ans. Il y a un souci de dialogue social à ce propos ».
Métiers en tension
« Le coût de la formation professionnelle est de 30 milliards », ont pointé Eric Ciotti et Jordan Bardella pour le rassemblement national. « Il y a trop de charges, il faut baisser les taxes. Mais il faut une meilleure formation -et une meilleure rémunération- dans les métiers en tension, lesquels par manque de candidats français sont occupés par des personnes d'origine étrangères ». Or, ils estiment qu'on « ne peut justifier » l'immigration et la régularisation de personnes en situation irrégulière par la faiblesse et la difficulté de l'emploi dans certains secteurs métiers où ces personnes sont justement employées. « Il faut casser les codes de l'impuissance et de l'immobilisme, c'est une question de mentalité. Il faut revaloriser les métiers manuels et la formation qui va avec ». Les deux représentants du RN ont donc préconisé « une entrée très tôt sur le marché du travail des jeunes, notamment dans les métiers manuels et techniques. Ces emplois devraient d'ailleurs intégrer le 1,5 million de personnes NEET -ni en emploi ni en formation ».
Plafonner les aides à l'apprentissage
« Quelle pérennité pour l'apprentissage ?», s'est questionné Bruno LeMaire, pour la majorité présidentielle. « Car si l'apprentissage est cher à mon cœur, il est cher tout court ! 1 million d'apprentis c'est une réussite, mais cela pèse sur les comptes publics ». Selon lui, il faut « avoir le courage » d'ouvrir le débat sur le fait de définir jusqu'à quel niveau de formation doit être soutenu par les aides publiques. « Aux niveaux 5 et 6, on peut penser que le jeune trouve une place d'apprentissage sans souci dans la société, grâce justement à ce niveau de formation ».
Les lycées professionnels aux régions
« Le manque de qualification de la population française est un vrai souci, et met la France aujourd'hui dans une situation de niveau inférieur à celui de l'Allemagne », a affirmé Bruno Retailleau pour les Républicains. Selon lui, cela pose « la question de l'école, et il faut refaire des savoirs simples ». Quant à la formation professionnelle initiale, a-t-il conclu, « donnons les lycées professionnels aux régions et non à l'Education nationale dont on sait qu'elle s'en désintéresse ».