L'Afpa en première ligne sur la réforme de la VAE
Membre de droit de la gouvernance de France VAE, l'Afpa mobilise également une centaine d'architectes accompagnateurs de parcours sur la plateforme. Pierre angulaire de parcours simplifiés et sécurisés, ce nouveau métier implique une évolution de leurs compétences et des process. Pour accompagner cette réforme, un projet de transformation a été engagé.
Par Catherine Trocquemé - Le 08 février 2024.
En 2024, le big bang de la VAE voulu par le gouvernement passe progressivement à l'échelle. La création de ce nouveau service public, la logique de plateforme et le renforcement de l'accompagnement des candidats changent la donne pour les acteurs de la VAE. Parmi eux, plus de 600 architectes accompagnateurs de parcours (AAP) se positionnent déjà sur un marché appelé à se développer d'ici 2027 pour atteindre 100 000 parcours par an. Dans le déploiement de cette réforme, l'Afpa y tient une place particulière. Investi dans les expérimentations Reva et très actif depuis le lancement de la phase de préfiguration, l'établissement public fait partie des membres de droit de la gouvernance de France VAE. Mais son implication ne s'arrête pas là. Une centaine de ses conseillers VAE présents sur tout le territoire sont référencés en tant qu'AAP sur le portail France VAE. Leur activité jusqu'ici centrée sur les titres professionnels du ministère du Travail enregistrait une baisse structurelle. Sur les quelques 150 000 diplômes délivrés par l'Afpa chaque année, seuls 5% à 8% étaient ainsi obtenus par la voie de la VAE. Ce niveau a même atteint le plancher historique de 1% en 2022. Avec la réforme du dispositif, ce rythme devrait s'accélérer et le champ des certifications professionnelles s'élargir.
Les nouvelles compétences du métier d'AAP
L'Afpa ne sous-estime pas les changements induits par la création de France VAE. « Nous accompagnons la transformation. Au-delà de l'adaptation de nos process et de notre système d'information à la nouvelle plateforme, nous organisons la montée en compétences de nos architectes accompagnateurs de parcours », confirme Noreddine Abidi, responsable projet VAE au sein de l'Afpa. Entièrement dématérialisées les démarches réalisées par les AAP comme celles des certificateurs devront respecter le cahier des charges du portail. Au cœur de la réforme, l'accompagnement renforcé des candidats financé par l'Etat fait de la VAE un droit universel. En contrepartie, les AAP devront répondre à certaines obligations comme celle de l'obtention de la certification qualité Qualiopi et aux conditions générales d'utilisation (CGU). « La réforme de la VAE donne davantage de responsabilités à l'AAP. Il peut prescrire des actes formatifs et gère un budget », note Noreddine Abidi. Les différentes étapes structurent les parcours. Dans la phase de préfiguration, des niveaux de prise en charge sont appliqués : un forfait de 300 euros pour le positionnement, un tarif de 70 euros de l'heure pour un acte formatif individuel et de 35 euros de l'heure pour un acte formatif collectif. Ces derniers, à distinguer de modules de formation classiques dans le cadre d'un parcours mixte visant un nouveau bloc de compétences, consolident les acquis de l'expérience professionnelle du candidat.
Vers un outil de transitions professionnelles
Cette prescription peut concerner les compétences numériques ou dans certains secteurs, comme celui du sanitaire et social, des formations réglementaires. Au-delà de sa connaissance fine des référentiels de certification, un AAP doit donc connaître l'offre de formation dans les territoires et pouvoir proposer les modalités de ces actes formatifs (Afest, périodes d'immersion dans les entreprises…) les plus adaptées. « Déterminante pour la réussite du parcours, l'étape du positionnement est au cœur du métier de l'AAP », déclare Noreddine Abidi. Avec France VAE, le conseiller VAE devient un maître d'ouvrage, un maître d'œuvre et un gestionnaire. La réforme n'en est qu'à ses prémices. « Le dispositif de France VAE revient sur l'esprit de validation des acquis de l'expérience, facilite et sécurise les démarches. A partir de ce socle, la VAE pourra s'inscrire dans de véritables parcours de transitions professionnelles », se projette Noreddine Abidi. Le gouvernement ne s'en cache pas. La VAE aura un rôle à jouer face aux enjeux des métiers en tension et de la transformation des compétences. La composition du groupement d'intérêt public reflète cette volonté politique. Membres de droit du groupement d'intérêt public, France Travail, les opérateurs de compétences, les associations Transitions Pro ou encore les régions auront à s'approprier la nouvelle configuration de la VAE afin de l'intégrer au sein de politiques publiques ou de politiques de branche.