La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, entourée de six ministres qui ont contribué à la création et à l’essor du CPF lors de la signature, le 21 novembre 2024, du renouvellement de la convention signée par Atlas et la Caisse des Dépôts.

L'avenir du CPF passe par davantage de cofinancements

Préserver la liberté de choix des actifs tout en incitant les entreprises et les branches professionnelles à intégrer le compte personnel de formation (CPF) dans leur politique de développement des compétences. C'est l'ambition affichée par la ministre du Travail, Agnès Panosyan-Bouvet, à l'occasion des dix ans du dispositif et des cinq ans de la plateforme « Mon compte formation ».

Par - Le 22 novembre 2024.

Nouvelle étape pour le compte personnel de formation (CPF) qui fête ses dix ans cette année. Créé en mars 2014 et modernisé en 2018, le dispositif est devenu, grâce à la plateforme « Mon compte formation », un outil de développement des compétences à la main des actifs. Une innovation qui a contribué développer l'accès à la formation : plus de 7,3 millions dossiers ont été financés entre 2020 et 2024, soit trois fois plus qu'au cours des cinq premières années d'existence du dispositif. Arrivé à maturité, le CPF doit désormais trouver sa place dans les politiques de formation des entreprises et des branches professionnelles. C'est en tous cas, l'objectif affiché par la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, venue échanger avec des employeurs, jeudi 21 novembre, au siège de l'entreprise Systran, en compagnie de six ministres qui ont contribué, avant elle, au déploiement du dispositif.

Encourager les cofinancements

« Le CPF doit toujours permettre aux salariés de prendre en main leur projet et leurs envies de formation », souligne Astrid Panosyan-Bouvet. Mais dans un environnement économique en pleine mutation et dans un contexte de réduction des dépenses publiques, la ministre du Travail mise aussi sur le dispositif pour répondre aux enjeux de reconversion et de compétitivité en utilisant « les potentialités de convergence d'intérêts entre salariés, entreprises, branches professionnelles et Régions ». « Je souhaite que les politiques d'abondement et de dotation se développent fortement dans les mois qui viennent » précise-t-elle. Cette mécanique de cofinancement a, selon elle, « deux vertus ». Elle « permet aux branches professionnelles et aux entreprises d'orienter les salariés vers des formations stratégiques pour leur filière et apporte de la simplicité aux salariés, aux organismes de formation et aux équipes RH. » Sur le terrain, ces pratiques restent encore marginales. « Seulement 5 % des CPF sont aujourd'hui abondés, la marge de progrès est considérable », observe Astrid Panosyan.

Des conventions au service des politiques de branches

La branche des bureaux d'études techniques, avec l'appui de son opérateur de compétences, Atlas, a été la première à miser sur les possibilités de cofinancement proposées par la Caisse des Dépôts. Renouvelée ce 21 novembre, la convention d'abondement signée avec le gestionnaire du CPF, permet aux salariés de la branche, « d'accéder plus facilement à des parcours de reconversion professionnelle, d'adaptation et de perfectionnement des compétences », explique Marie Buard, vice-présidente d'Atlas. En pratique, l'abondement permet de financer le reste à charge des salariés éligibles, dans la limite de 4 000 euros, lorsqu'ils optent pour une des 1 000 certifications figurant au catalogue élaboré par la branche. Cette stratégie qui mobilise 6 millions d'euros a déjà permis à 1 500 salariés de se former dans des domaines comme le numérique, l'intelligence artificielle, la cybersécurité ou le management pour ne citer que les thèmes les plus prisés. L'abondement attribué automatiquement selon les règles fixées dans la convention, « permet de cibler des métiers en forte tension ainsi que des publics spécifiques tels que les femmes ou les seniors », ajoute Marie Buard.

Un outil au service des RH, un sujet de dialogue social

C'est ce type d'initiatives que le ministère du Travail et la Caisse des Dépôts souhaitent encourager en enrichissant les fonctionnalités de la plateforme « Mon compte formation ». Dernière évolution en date : les employeurs qui souhaitent allouer des droits supplémentaires à leurs salariés sous forme de dotation peuvent depuis quelques semaines les flécher vers une certification en particulier. « Jusqu'ici, les entreprises n'avaient pas la garantie que leur financement serve effectivement leur politique de formation, ce qui pouvait constituer un frein aux dotations », explique Agnès Panosyan-Bouvet. Offrir des possibilités de pilotage des dotations, faire connaître les fonctionnalités de géolocalisation pour adapter les politiques de cofinancement aux besoins des bassins d'emploi, permettre aux employeurs de bâtir leurs catalogues de formations adaptées à leur besoin ou d'intégrer des applications RH à la plateforme « Mon compte formation », faciliter l'abondement des parcours VAE pour des reconversions vers des métiers en tension… : les pistes pour faire du CPF un outil au service des ressources humaines ne manquent pas. Les employeurs qui voudront s'en emparer devront cependant veiller à préserver ce qui fait la spécificité du dispositif : sa vocation à soutenir des choix individuels. « Les entreprises qui ont réussi à intégrer le CPF dans leur politique RH sont celles qui en font un sujet de dialogue social », observe la ministre du Travail.

Cofinancement du CPF par les branches et les entreprises

8 conventions signées avec des opérateurs de compétences et des branches professionnelles :

  • 11 119 dossiers abondés
  • 1 452 euros : montant moyen de prise en charge
  • 16,1 millions d'euros d'abondement au total

Dotations des employeurs :

  • 14 123 employeurs concernés
  • 101 922 bénéficiaires
  • 273,2 millions d'euros de dotations dont 79,16 millions d'euros consommés