Lors de la présentation du 5e Baromètre de la formation et de l’emploi Centre Inffo/CSA, le 28 mars 2024. Karim Bangoura, directeur édition-multimédia à Centre Inffo, Jérôme Marchand-Arvier, délégué général à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP), Pascale Romenteau, directrice générale de Centre Inffo, Frédéric Ferrer, journaliste, Julie Gaillot, codirectrice de pôle à CSA Research. ©
Le 5e baromètre de la formation et de l'emploi souligne le besoin d'accompagnement
Dans un champ aussi réglementé que l'est celui de la formation professionnelle, enquêter sur le regard des actifs participe de l'évaluation des politiques publiques. Le baromètre Centre Inffo 2024 révèle des citoyens de plus en plus sensibles à l'évolution de leurs compétences, en quête d'un accompagnement renforcé.
Par Nicolas Deguerry - Le 02 avril 2024.
Le premier enseignement de cette 5e édition du baromètre Centre Inffo réalisé en partenariat avec l'Institut CSA[ 1 ]Méthodologie : déployée par l'Institut CSA, l'enquête Baromètre a été administrée par internet du 1er au 9 février 2024, auprès d'un échantillon représentatif d'actifs français âgés de 18 ans et plus. est d'emblée souligné par Julie Gaillot, codirectrice de pôle de l'institut de sondage : « entre bouée de sauvetage et tremplin pour aller vers l'ailleurs, la formation professionnelle apparaît comme une nécessité pour répondre aux mutations du monde du travail. » Avec 90 % des répondants qui souscrivent à ce point de vue, les Français apparaissent « conscients, lucides, mobilisés et informés », estime Jérôme Marchand-Arvier, délégué général à l'emploi et à la formation professionnelle.
Visibilité & lisibilité
L'optimisme de l'analyse ne l'empêche cependant pas de relever un « niveau d'information hétérogène », qui invite à combler les trous dans la raquette. Le sentiment d'accéder à une très bonne ou assez bonne information sur la formation professionnelle progresse (+ 9 points en 4 ans), mais ne dépasse pas les 52 % en 2024. Ce que l'enquête confirme à cet égard n'est pas nouveau : d'un coté 71 % des jeunes et 61 % des cadres s'estiment bien informés ; de l'autre, 55 % des 40-64 ans et 63 % des chômeurs pensent le contraire. C.Q.F.D : « plus vous avez besoin de formation continue, moins vous vous sentez informé », souligne Julie Gaillot. Aucun sujet n'est aujourd'hui massivement approprié par les sondés. Même le CPF, qui obtient le meilleur score, plafonne à 53 %. Reste qu'alors que la négociation en cours de la future loi Pacte de vie au travail pose des scénarios de réforme des dispositifs d'accès à la formation, la tendance positive observée sur 4 ans témoigne d'un temps d'appropriation relativement long, qui pourrait plaider pour davantage de stabilité.
Deuxième enseignement, la philosophie de l'individu acteur poussée par les politiques publiques a largement infusé les esprits : ce ne sont pas moins de 77 % des actifs qui estiment que c'est à chacun d'être responsable de son parcours de formation continue. Pour Pascale Romenteau, directrice générale de Centre Inffo, c'est le signe que « la loi Avenir professionnel de 2018 a atteint son but. » Mais elle le note, des marges de progrès existent, notamment en termes d'information sur les circuits financiers et les lieux d'orientation.
Une responsabilité individuelle accompagnée
À noter que les répondants semblent entériner la formule de Philippe Carré qui veut que l'« on apprend toujours seul mais jamais sans les autres. » Les actifs assument leur responsabilité individuelle, autant qu'ils légitiment l'intervention de tiers, au premier rang desquels l'employeur et les RH, suivi des organismes de formation, des branches professionnelles et du manager. Moins cités, le rôle des Opco et des structures d'orientation progresse néanmoins de 4 points par rapport à 2023. Sur ce point, c'est à la fois l'esprit de la loi Avenir professionnel et la volonté des partenaires sociaux de renforcer l'accompagnement qui se trouve validés par l'enquête. L'appétence pour la formation est réelle, avec 50 % des actifs qui déclarent souhaiter suivre une formation dans l'année. Pour les autres, ce sont principalement l'envie, le temps et le budget qui sont cités comme freins à la mise en œuvre d'un projet de formation.
La star CPF
En préférant penser que c'est davantage l'innovation de la désintermédiation que le démarchage téléphonique massif et frauduleux qui a popularisé le CPF, c'est bien ce dispositif « boosté par la loi de 2018 », dixit Jérôme Marchand-Arvier, qui remporte la palme de la notoriété : 93 % des actifs connaissent le CPF et « seulement » 47 % le CEP (tout de même en progrès de 7 points en 3 ans).
La reconversion séduit
Pourcentage étonnant (mais stable depuis 2021), plus d'un actif sur cinq prépare une reconversion. Possible signe d'orientations initiales hasardeuses, les plus attirés par le changement de métier sont, outre-les sans emploi (35 %), les jeunes (39 % des 18-24 ans et 36 % des 25-34 ans). Ici encore, la formation est un passage obligé pour 6 candidats sur 10 à la reconversion (en cours ou à venir).
FOCUS HANDICAP D'abord, un chiffre : 18 %. Soit près d'un actif sur 5 qui se déclare concerné par un handicap, proportion qui s'élève à près d'un sur trois pour les chômeurs. Ensuite, une inconnue, qu'un prochain baromètre pourrait lever : combien, parmi ces déclarants, disposent d'une RQTH , qui conditionne l'accès à des aides spécifiques ? Enfin, une piste de réflexion : là où l'ensemble des actifs estiment prioritaire l'adaptation des locaux et des postes de travail, les personnes en situation de handicap privilégient la sensibilisation des employeurs et des employés, ainsi que le respect des obligations légales. |
- 5e édition du baromètre de la formation et de l'emploi, Centre Inffo/CSA, 2024 :
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Notes
1. | ↑ | Méthodologie : déployée par l'Institut CSA, l'enquête Baromètre a été administrée par internet du 1er au 9 février 2024, auprès d'un échantillon représentatif d'actifs français âgés de 18 ans et plus. |