« Le numérique crée une nouvelle Renaissance » (Stéphane Diebold)

Comme chaque année, Stéphane Diebold, livre ses tendances e-learning pour l'année à venir. De ChatGPT apprenant à l'impact carbone de l'edtech, le fondateur dirigeant de l'association des responsables de formation (Affen) livre son palmarès des thèmes à surveiller et à comprendre pour appréhender la formation de demain. Ceux qui se souviennent des tendances 2023 remarqueront peu de nouveautés pour 2024. Derrière la constance de l'auteur, s'éloigne la crainte du feu de paille. Certes, on, parle moins du métavers – le coût d'entrée a très certainement freiné la diffusion des usages -, mais l'industrie continue de peaufiner l'outillage dédié à la réalité virtuelle et l'immersif est loin d'avoir dit son dernier mot.

« L'IA prend le lead »

Pas de hiérarchie dans cette sélection car il s'agit bien davantage d'une invitation à réfléchir les composantes de l'écosystème formation au XXIème que de décerner un prix de l'innovation. Mais puisqu'il s'agit de dégager des tendances, apparaît cependant en transversal le poids grandissant de l'intelligence artificielle et la montée en puissance des environnements centrés sur l'apprenant. Dressant un parallèle avec François Rabelais bataillant pour sortir du Moyen-Âge, Stéphane Diebold voit dans l'accélération technologique une nouvelle « Renaissance » qui prospère sur le terreau numérique. C'est pour lui un changement de paradigme qui s'opère, non sans difficulté car le rythme de l'innovation n'est pas celui de l'appropriation par les usages.

Le « siècle de l'apprenant »

Promoteur du « faire », le président de l'Affen promet un passage du siècle des experts à celui des apprenants : ce n'est plus l'intellectualisation préalable à l'action qui crée le modèle mais les usages. Dans un système désintermédié, la construction du savoir gagne en horizontalité avec des apprenants de plus en plus « auteur » de leur formation. Pour Stéphane Diebold, c'est par exemple ce qui se passe lors des interactions entre agents conversationnels et apprenants. Dans ce nouveau paysage qui va selon lui donner le pouvoir aux créatifs, « les gens très structurés et les experts-comptables de la formation vont souffrir », prédit-il.

Socialiser l'apprentissage

2024 signe selon Stéphane Diebold le retour de « l'érotisation de la formation », thème déployé par ses soins dès 2013 (notre article) et qui apparaissait en filigrane dans son coup de cœur 2023 pour la « rhétorique numérique. » Un « marketing de la demande » doit aujourd'hui s'ajouter au marketing de l'offre. Pour Stéphane Diebold, pas d'envie d'apprendre sans socialisation, avec des lieux identifiés pour la formation et le déploiement de communautés apprenantes, au premier rang desquels l'entreprise mais aussi les tiers-lieux. Les organismes de formation y ont toute leur place, dans un rôle d'animation et de production dopée à l'IA (intelligence artificielle).

Mobilisation des corps intermédiaires

De quoi la formation a-t-elle besoin en 2024 pour prospérer ? « Ce qui manque, ce n'est pas la technique mais l'envie. Il faudrait que les corps intermédiaires – l'État, les Régions, les branches, les Opco, …-, se bougent et multiplient les incubateurs numériques. » Avec le concours de l'intelligence artificielle, Stéphane Diebold plaide pour des opérateurs moins gestionnaires et davantage acteurs.

• E-learning 2024 : 10 tendances à surveiller, par Stéphane Diebold : https://affen.fr/technologie/e-learning-2024-10-tendances-a-surveiller/