Le Premier ministre Michel Barnier, ici le 5 septembre 2024 lors de la passation de pouvoirs avec Gabriel Attal, à l’Hôtel de Matignon, à Paris.

Le Premier ministre Michel Barnier, ici le 5 septembre 2024 lors de la passation de pouvoirs avec Gabriel Attal, à l’Hôtel de Matignon, à Paris.

Le Premier ministre appelle à un « renouveau du dialogue social »

Dans sa déclaration de politique générale le 1er octobre, Michel Barnier a présenté sa méthode et ses chantiers prioritaires. Fondée sur « l'écoute » et « le dialogue », son action devrait laisser davantage de place aux partenaires sociaux invités à reprendre les négociations sur l'emploi des séniors, l'assurance chômage et les aménagements à apporter à la réforme des retraites.

Par - Le 02 octobre 2024.

Devant une assemblée nationale divisée, le Premier ministre a passé un long moment à détailler la méthode de son gouvernement avant de présenter sa feuille de route et les chantiers prioritaires qu'il compte engager dans un contexte financier difficile. Le déficit de la France « devrait dépasser cette année les 6 % de la richesse nationale », a indiqué Michel Barnier, qui entend le ramener à 5 % en 2025, pour viser les 3 % en 2029. Le premier remède pour y parvenir sera la réduction des dépenses, qui représentera « en 2025 les deux tiers de l'effort de redressement », a-t-il précisé.

Reprise des négociations sur l'emploi des seniors

Si le cadre dans lequel évolue le nouveau gouvernement était connu, sa façon de procéder l'était moins.  Dans sa déclaration, le Premier ministre a mis l'accent sur la nécessité de mettre en place « une nouvelle méthode » : « nous avons besoin d'écoute, de respect, de dialogue ». Michel Barnier, qui a reçu à Matignon les organisations syndicales et patronales ces derniers jours, estime que « la situation dans laquelle nous sommes requiert un renouveau du dialogue social et une relation exigeante et constructive avec l'Etat », marquant ainsi une rupture avec les précédents gouvernements. « Je fais confiance aux partenaires sociaux pour s'engager dans cet esprit et négocier, dès les prochaines semaines, sur l'emploi des seniors et sur notre système d'indemnisation du chômage. Ils sont, de mon point de vue, les mieux placés pour apporter des solutions. » Le chef du gouvernement souhaite aussi reprendre le dialogue sur la question des retraites en invitant les partenaires sociaux à réfléchir à des aménagements de la loi votée en 2023 - retraite progressive, usure professionnelle, égalité entre les femmes et les hommes - , sans remettre en cause l'équilibre du système.

Collectivités : vers des compétences renforcées

Dialogue et écoute. La méthode vaut aussi pour les relations avec les collectivités locales, comme l'avait déjà évoqué Catherine Vautrin, ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation devant les présidents de Régions réunis en congrès le 26 septembre. « 40 ans après les grandes lois de décentralisation, il nous faut bâtir un nouveau contrat de responsabilité entre les collectivités locales et l'Etat », a avancé Michel Barnier, « nous respecterons les compétences des collectivités et nous regarderons la possibilité de les augmenter, de les renforcer. » Un principe qui répond à la demande des Conseils régionaux, qui souhaitent gagner en responsabilité sur certains sujets comme celui de l'orientation ou de l'évolution de la carte des formations.

Aide à l'apprentissage : éviter les effets d'aubaine

Autre objectif et ingrédient de la méthode Barnier : « renforcer l'efficacité de l'action publique ». Pour y parvenir, le Premier ministre entend « développer, partout, une culture de l'évaluation ». « Nous ne pouvons pas dépenser plus, nous dépenserons mieux. » Et pour illustrer son propos, Michel Barnier a précisé que le gouvernement continuerait de soutenir l'apprentissage, « mais en évitant les effets d'aubaine » ; sans préciser toutefois quels seront les leviers actionnés.

RSA, orientation et filières professionnelles

Parmi les grands chantiers que le gouvernement prévoit d'engager, figurent l'amélioration du niveau de vie des Français et l'accès à un service public de qualité. Il s'agit notamment de permettre à chacun de bien vivre de son travail et, sachant que « nous ne sommes pas encore au plein emploi », de poursuivre les chantiers en cours, comme celui de la réforme du RSA, pour en faire un « tremplin vers l'insertion, un nouveau contrat social fait du droit d'être aidé et du devoir de chercher vraiment un travail ». Cela passe, entre autres, par « l'action de France Travail, qui va désormais accompagner progressivement, en lien avec les Départements et l'ensemble des acteurs de l'emploi, tous les allocataires du RSA et toutes les entreprises qui ont besoin de recruter. » L'école reste aussi une priorité. Et dans ce domaine, le gouvernement compte notamment « investir dans les équipes et les dispositifs d'orientation pour mieux accompagner les élèves dans leur choix d'avenir » et continuer « à valoriser les filières professionnelles ».

Un projet de loi de finances sous surveillance

Le cap est donné. Reste à savoir quels seront les arbitrages budgétaires, alors qu'il y a « urgence à redresser la barre » sur le plan financier. Aide à l'embauche d'apprentis, financement des CFA, soutien à la formation des demandeurs d'emploi dans le cadre des pactes signés avec les Régions… : autant de sujets qui préoccupent les acteurs de la formation et de l'emploi. Réponses dans le prochain projet de loi de finances dont l'examen à l'Assemblée nationale devrait débuter le 21 octobre.